samedi 13 juin 2015

Archimandrite Denis (Chambault)


Le 22 Mai dernier à l'église des Trois-Saints-Docteurs à Paris, s'est tenue une conférence-débat consacrée au 50e anniversaire du repos dans le Seigneur de l'Archimandrite Denis (dans le monde Lucien Chambault, 1899 - 3 mai 1965). L'archimandrite Denis converti à l'Orthodoxie en  1937 et devenu moine en 1944 avec le nom de Denis, était un moine orthodoxe suivant la règle de saint-Benoît et célébrant la messe dans le rite occidental.


A notre tour, afin de rappeler la mémoire de ce vénérable pasteur qu'était le père Denis, nous vous reprenons un article originellement paru dans la revue Church Times (July 21, 1961), et traduit de l'anglais et publié en français sur le blog Saint-Materne.





Le Pouvoir de la Prière

Par Serge Bolshakoff

A Paris, dans une rue étroite et relativement bruyante, près de la station de métro Vaugirard, il y a au 26 rue d'Alleray une maison d'apparence modeste. Cependant, cette simple maison accueille beaucoup de visiteurs. Des gens y viennent de tout Paris et d'ailleurs pour être guéris par la prière. Ils y sont envoyés par le clergé de même que par des médecins spécialistes quand toute autre méthode a échoué. La majorité des visiteurs sont affectés de troubles mentaux et nerveux.

La paroisse de l’Ascension, de rite occidental, est transférée, en 1945, du 72 rue de Sèvres, dans le 7ième arrondissement, au 29 rue d’Alleray, dans le 15ième, où le père Denis installe son monastère Saint Denis et saint Séraphin.

J'ai visité plusieurs fois cette maison. La porte de façade s'ouvre sur un corridor paisible et tranquille. La petite chapelle, où les services de guérison ont lieu, est juste à côté. Nombre de lampes votives et de cierges y brûlent. La chapelle est petite, humble, sans prétention, mais il y règne une atmosphère particulière de repos et d'espérance. Derrière la maison, on trouve un charmant petit jardin. Bien que la maison soit située dans un quartier bruyant et fortement peuplé, il est très calme.

Cette petite maison me rappelle toujours un autre lieu – la grandiose abbaye Bénédictine de Silos, en Espagne. Cette grande abbaye s'élève dans les plaines brûlées par le soleil et desséchées de Vieille Castille. Dans la chaleur et le soleil éblouissant, la poussière et la soif assaillent le voyageur. Dans l'abbaye, en particulier dans son patio, entouré d'un des plus célèbres cloîtres au monde, il fait frais, agréable, paisible. Les fontaines font jaillir leur eau au milieu d'une magnifique verdure et des fleurs. Les oiseaux chantent. L'abbaye est comme un château intérieur de l'âme. Dehors, c'est le monde – passions, péché, tristesse – alors qu'au dedans de l'âme d'un mystique, il y a une joie radieuse et la paix, parce que Dieu y est.

Tout comme Silos, la petite maison de la rue d'Alleray est une oasis de paix et de joie au cœur d'une grande capitale où les âmes souffrent de troubles, péché et tristesse, habituels des grandes cités. De plus, aussi, c'est un établissement Bénédictin. C'est le Prieuré des Bénédictins Orthodoxes de Rite Occidental et il est sous la juridiction du Patriarcat de Moscou. Une paroisse est attachée au Prieuré. Il y a à présent quelques congrégations Orthodoxes de Rite Occidental en Pologne, France, et même en Italie. Originellement, elles formaient de petites congrégations indépendantes, vaguement appelées Vieux Catholiques, Evangéliques Catholiques, et ainsi de suite. Il y a beaucoup de groupes semblables, tant en Europe qu'en Amérique. Leur histoire est souvent compliquée et longue.

Le père Denis, en 1944, devenu moine bénédictin orthodoxe, avec ses deux disciples, le père Georges Lamothe et le père Jean Péterfalvi.


Dans le passé, un certain nombre de groupes semblables se sont approchés des autorités de l'Eglise Orthodoxe avec une demande pour être reçus dans l'Eglise Orthodoxe. Dans certains cas, la demande était accordée. Les demandeurs étaient d'accord d'accepter la Foi Orthodoxe et le Rite Byzantin. Il y a plusieurs paroisses Orthodoxes de ce type en Amérique, et une Église Orthodoxe florissante en Afrique de l'Est, principalement en Ouganda. Quelques congrégations ont été autorisées à continuer d'utiliser le Rite Occidental. Déjà en 1870, le Saint-Synode de Russie avait permit l'usage de la Messe Romaine avec quelques changements. L'Usage d'Alleray avait été approuvé dans les années 1930 par le Synode de Moscou.

Une célébration du rite occidental (de la version de l’office orthodoxe occidental, inspirée par l’office
bénédictin et composée par le père Denis) dans l’église de l’Ascension, rue d’Alleray.

Le père Denis Chambault, supérieur du Prieuré d'Alleray et auparavant journaliste, devint un guérisseur reconnu il y a une quinzaine d'années d'ici, en assistant feu le père Joseph Cirel, qui possédait un remarquable pouvoir de guérison. Il n'y a rien d'ésotérique ou d'étrange dans les services de guérison à la chapelle. Les prières ordinaires prescrites par le Rite Latin sont utilisées. Le don de guérison est en effet un charisme [charisma = don], mais il est donné aux gens d'après leur foi. Rien de plus n'est requis. Le p. Chambault est un homme d'une soixantaine d'années, paisible, réservé mais amical.

Généralement, ceux qui veulent faire appel à ses services de guérison prennent un rendez-vous avec lui. Le service de guérison est précédé d'un long entretien avec le patient. Il peut y avoir plusieurs entretiens. Les patients Orthodoxes font habituellement leur confession, bien que cela ne soit pas requis pour les autres. Quand le moment est approprié, le service de guérison a lieu dans la chapelle.

Les résultats sont souvent surprenants, et le nombre de visiteurs grandit avec le temps. Bien entendu, il n'y a pas de paiement, bien que ceux qui sont guéris font en général un don. L'expérience du Prieuré montre pleinement la puissance de guérison étonnante de la prière. Nos contemporains négligent de faire appel à cette puissance parce que notre foi est faible. Nul ne possède de puissance de guérison à moins d'avoir une foi à déplacer les montagnes.

En plus d'être un centre de guérison et d'administrer une paroisse, le Prieuré d'Alleray travaille aussi pour promouvoir l'unité Chrétienne par la prière et la production littéraire. Il édite des bulletins réguliers en français et en anglais. Les Pères du Prieuré parlent aussi bien anglais que français. Le Prieuré est un endroit des plus inhabituels, et une conversation avec le p. Chambault est en elle-même une expérience.


samedi 6 juin 2015

Quelques repères chronologiques de la présence orthodoxe en France au second millénaire

1401 : L'Empereur romain ("byzantin") Manuel II Paléologue séjourne pendant un an à Paris lors d'une tournée occidentale cherchant des renforts contre les Ottomans. Il fait célébrer à la Sainte Chapelle la liturgie orthodoxe. Il écrit durant son séjour un gros volume sur La procession du Saint Esprit en réponse à un article d'un docteur de la Sorbonne sur le bien-fondé du Filioque.

1727 : première mention d'un prêtre orthodoxe à Paris, détaché auprès de l'ambassade de Russie.

1814 : Les troupes russes entre dans Paris quelques jours avant Pâques. Et le Dimanche 10 Avril, jour de Pâques (catholique-romain et orthodoxe cette année là) le Tsar Alexandre Ier fait célébrer Place de la Concorde à Paris un office de Te Deum à la mémoire du roi Louis XVI

1816 : une chapelle fonctionne depuis 1757 à l'ambassade russe à Paris, dont l'ambassadeur a demandé un prêtre permanent en 1738, desservant les fidèles orthodoxes de la capitale.
Une église dédiée à St Pierre et Paul fut d’abord créée dans des locaux loués (rue de Mesley puis rue de Berri) qui à l’évidence étaient trop exigus pour contenir tous les orthodoxes désireux de la fréquenter, la nécessité de disposer d’une église plus vaste située dans un bâtiment indépendant devenait criante.

1820 : première paroisse grecque, à Marseille ; inaugurée en 1845, l'église de la Dormition-de-la-Mère-de-Dieu sera le premier bâtiment cultuel orthodoxe construit en France.
Eglise orthodoxe grec à Marseille

1853 : première chapelle roumaine à Paris, située au 22 rue Racine.

1859 : consécration de l'église Saint-Nicolas-sainte-Alexandra à Nice (rue Longchamp), la première église russe en France.
Nice, église st-Nicolas-ste-Alexandra

1861 : - (11 Septembre) consécration de la cathédrale russe Saint Alexandre Nevsky, rue Daru, à Paris. Cette église était destiné non seulement aux russes mais à toutes la communauté orthodoxe. Elle fut financée par les dons des orthodoxes de Paris, russes, français, serbes, grecs ; de Russie de Nijni Novgorod au Tsar Alexandre II lui-même sur sa cassette personnelle. Chacun contribue suivant ses moyens, 20 centimes pour un étudiant grec de la Sorbonne jusqu’à 100 000 francs pour un mécène grec. Aux orthodoxes se joignent des catholiques et des protestants.
           - Cette même année, l'abbé René Guettée devient le premier prêtre orthodoxe français avec le nom de Vladimir.
           - Cette année est également publié par le père Joseph Wassilieff, prêtre de la cathédrale St. Alexandre de la Néva (rue Daru) et véritable fondateur de celle-ci, "le premier Manuel de prières orthodoxes en français et il organisa un chœur de chantres français qui resta celui de la cathédrale jusqu'en 1914." (In Un Précurseur, Wladimir Guettée, par Jean-Paul Besse, p.123).

Cathédrale saint-Alexandre-Nevsky
Père Vladimir Guettée (1816-1892)

1863 : consécration de la crypte de la Sainte-Trinité, Cathédrale st Alexandre de la Neva, rue Daru, à Paris. Mais ce n'est que 100 ans plus tard (en 1964), que cette crypte devint le lieux de culte d'une communauté francophone.

1867 : consécration de l'église de Saint-Alexandre Nevsky à Pau (18, rue Jean Réveil, Pau 6400).

1892 : consécration de l'église roumaine de Paris, rue Jean de Beauvais, achetée par l'état roumain en novembre 1882.
Cathédrale des sts Archanges (rue Jean de Beauvais)

1895 : consécration de la cathédrale grecque Saint Etienne, rue Georges Bizet, à Paris.
Cathédrale saint Stéphane (rue Georges Bizet)

1912 : inauguration de l'église Saint Nicolas le Thaumaturge à Nice. Décrite comme la plus belle église russe hors de Russie. Autres églises orthodoxes construites en France : Cannes (1894), Menton (1892), Biarritz (1900).
Nice: église st Nicolas

1916-1917 : après l'occupation du Dodécanèse par l'Italie, puis en 1923, après la catastrophe d'Asie Mineure, deux vagues d'immigration grecque. A partir de 1920, arrivée massive d'immigrés russes.

1918 : Te Deum solennel à la cathédrale saint Stéphane, rue Georges Bizet, pour la fin de la première guerre mondiale

1923 : installation à Paris du premier évêque orthodoxe, le Métropolite Euloge, à la cathédrale saint-Alexandre-de-la Néva (rue Daru).

1925 : consécration de l'église saint-Serge de Radonège (rue de crimée) ; et 1926 fondation de l'Institut de théologie orthodoxe (Institut Saint-Serge).

1927 : première liturgie célébrée en français, en l'église de l'Institut Saint Serge.
Suivra la fondation de la première paroisse francophone de la Transfiguration et sainte Geneviève ouverte, boulevard du Montparnasse à Paris.

1939 : première réunion, à l'église grecque de Paris, d'un Comité Inter-Orthodoxe réunissant les représentants des diverses églises orthodoxes de Paris. Un comité permanent sera créé en 1943 sur l'initiative de l'Archimandrite Théophile Ionesco, de l'église roumaine.

1944 : une première célébration solennelle réunissant les différentes communautés orthodoxes de la capitale a lieu, le 23 janvier, sous la présidence du Métropolite Euloge, exarque du Patriarche Œcuménique.

1949 : L'église orthodoxe roumaine des Saints Archanges à Paris, devient le siège d'un évêque avec la création d'un diocèse d'Europe occidentale par le métropolite Bessarion (Puiu).

1958 : naissance de la "Fraternité orthodoxe" pour le témoignage commun de l'orthodoxie en Europe occidentale.

1963 : l’église Saint Stéphane (rue Georges Bizet, Paris) est promue au rang de "cathédrale", et devient le siège de la Métropole orthodoxe grecque de France. Elle est le siège d'un évêché depuis 1953, date de l'élection de Mgr Mélétios évêque de Reggio, qui devient donc en 1963 premier Métropolite de France avec la cathédrale Saint Stéphane pour siège.

Printemps 1967 : création d'un Comité Inter-Épiscopal Orthodoxe permanent réunissant les évêques orthodoxes de France (alors huit), présidé par le Métropolite Mélétios, exarque du Patriarche Œcuménique.

1971 : 1er Congrès Orthodoxe, organisé par la Fraternité Orthodoxe en Europe Occidentale à Annecy. D'autres suivront tous les 3-4 ans depuis lors.

1983  : première visite à Paris de Sa Béatitude Ignace IV, Patriarche d'Antioche.

1995 : visite officielle de Sa Sainteté, Bartholomée 1er, Patriarche Œcuménique, en France (Paris, Lourdes, Marseille, Nice) et à Monaco.

1997 : transformation du Comité Inter -épiscopal Orthodoxe en Assemblée des Évêques Orthodoxes de France.

1999 : visite à Paris de Sa Béatitude Paul 1er, Patriarche de Serbie.

Octobre 2002 : Première célébration par les évêques orthodoxes de France d’un office orthodoxe des vêpres présidé par le métropolite Jérémie, président de l’Assemblée des Evêques Orthodoxes de France, à la Cathédrale Notre Dame de Paris, le dimanche 13 octobre 2002 à l’occasion de la fête de Saint Denys l’Aréopagite, fête patronale du diocèse (catholique) de Paris, à l’invitation de Son Eminence le Cardinal Jean-Marie Lustiger, Archevêque de Paris. Depuis, cette célébration est désormais une tradition annuelle.

Janvier 2003: Le 17 janvier 2003, première présentation officielle des vœux de l’AEOF à la présidence de la République Française. Une délégation de l’AEOF conduite par le métropolite Jérémie (président de l’AEOF et évêque titulaire de la Métropole grecque de France), accompagné de feu le métropolite Gabriel Saliby (métropolite grec-orthodoxe d’Antioche en Europe Occidentale du patriarcat d’Antioche), a été reçue en audience au Palais de l’Elysée par le président Jacques Chirac. « C’est un témoignage d’estime et de respect pour la religion orthodoxe » a déclaré le président Chirac à cette occasion dont les propos ont été rapportés par la porte-parole de l'Élysée, Mme Catherine Colonna.
Octobre 2003: Les responsables orthodoxes en France reçus à Matignon pour la première fois. Le Premier Ministre Monsieur Jean Pierre Raffarin a reçu le 30 octobre une délégation de l’Assemblée des Évêques Orthodoxes de France, conduite par son président le métropolite Emmanuel et composée de l’Archevêque Gabriel (de Vylder) (Archevéché russe - Exarchat du Patriarcat Oecuménique) et du Métropolite Joseph (Métropole orthodoxe Roumaine). « C’est la première fois qu’une telle rencontre a lieu, s’inscrivant dans la volonté du gouvernement de recevoir officiellement et régulièrement les responsables de toutes les religions en France » (dépêche de la revue Croire.com).

Octobre 2007: Visite officielle et pastorale de Sa Sainteté Alexis II patriarche de Moscou en France. Visite historique, première visite d’un primat de l’Eglise orthodoxe russe en France. Rencontre des évêques membres de l’Assemblée des Evêques Orthodoxes de France avec Sa Sainteté Alexis II pour rendre compte du travail de coopération et de concertation des évêques orthodoxes de France en faveur de l’unité de l’Eglise orthodoxe en France et pour s’entretenir avec lui de l’avenir de son organisation dans ce pays.

2008 : Naissance au ciel de l'archimandrite Denis Guillaume. Traducteur et compositeur infatigable des livres et offices liturgiques orthodoxe. Grâce auquel nous disposons de la totalité des livres liturgiques en Français, traduit lorsqu'il était encore catholique-romain. Il a composé également un certains nombres d'office à des saints occidentaux. Mémoire éternelle.

2009: Visite en France de Sa Béatitude Daniel, Patriarche de Roumanie.


Diverses sources dont : 1 , 2 , 3 ,....

dimanche 31 mai 2015

Pentecôte - Lecture des Actes des Apôtres


Image d'archive : Extrait de l'émission Orthodoxie sur France 2 en 1978.
Pentecôte : Lecture des actes des apôtres relatant la descente de l'esprit sur les apôtres, par Nicolas Lossky.
Source: Ina.fr

jeudi 28 mai 2015

Liturgie devant les reliques de ste Helene


MERCREDI 3 JUIN 2015 à 9h30 sera célébrée la Divine Liturgie devant les reliques de sainte Hélène dans l'église saint Leu - saint Gilles à Paris (92 rue st Denis, métro Etienne Marcel), à l'occasion de la fête des sts Constantin et Hélène (ancien calendrier)

Renseignements complémentaires : Alla Gouraud, 06 32 49 46 10.

*******

L’ACATHISTE AUX STS CONSTANTIN ET HELENE y est également récité tous les vendredis à 16h
à partir du 12 septembre 2014 jusqu’au 26 juin 2015.


Pour consulter le CALENDRIER des offices orthodoxes devant les reliques de sainte Hélène (Année ecclésiale 2014/2015), cliquez ICI.

N.B : Les Offices sont en Slavon et en Français.

dimanche 24 mai 2015

Lettre aux Italiens et aux Gaules

A l'occasion du Dimanche des Pères du Concile Œcuménique de Nicée (325), nous souhaitions rappeler cette lettre synodale, classé parmi les lettres de saint Basile le grand au numéro 92, et datée de 372, soit une dizaine d'année avant le second concile œcuménique (Constantinople 381) que nous avons justement commémoré cette semaine (22 mai). Cette lettre synodale appel à l'aide les évêques d'Italie et des Gaules face au ravage de l'arianisme en Orient.


Aux Italiens et aux Gaules
lettre 92 de saint Basile le Grand, anno 372.

1. A nos très pieux et saint frères qui servent en Italie et en Gaule, évêques avec nous unis en esprit, nous, Meletius d'Antioche, Eusebius de Samosate, Basile de Césarée, Bassus d'Edesse, Grégoire de Nazianze l'Ancien, Pelagius de Laodicée, Paul, Anthime de Tyana, Theodotus de Nicopolis, Bithus (Vitus) de Carrhae, Abraamius de Batnae, Jobinus, Zénon de Tyre, Theodoretus, Marcianus, Barachus, Abraamius d'Urimi en Syrie, Libanius, Thalassius, Joseph, Boethus, Iatrius, Theodotus, Eustathe de Sébaste, Barsumas, Jean, Chosroes, Iosaces d'Arménie Majeure, Narses, Maris, Grégoire de Nysse, et Daphnus, nous adressons nos salutations dans le Seigneur.
Les âmes dans l'angoisse cherchent quelque consolation en laissant soupir après soupir remonter du fond du coeur, et même une larme versée brise la force de l'affliction. Mais soupirs et larmes nous apportent moins de consolation que l'opportunité d'exprimer nos épreuves à votre charité. De plus, nous sommes encouragés par l'espoir encore plus fort que si d'aventure, nous vous exposons nos épreuves, nous pourrions vous amener à nous apporter le secours que nous espérons depuis si longtemps que vous donneriez aux Églises en Orient, mais que nous n'avons pas encore reçu; Dieu, Qui dans Sa sagesse arrange toutes choses, doit avoir ordonné d'après les jugements cachés de Sa justice, que nous devrions être éprouvés encore plus longtemps par ces tentations.
Le récit de notre condition est parvenu aux confins de la terre, et vous ne l'ignorez nullement; pas plus que vous n'êtes sans compassion pour les frères de même esprit que vous, car vous êtes disciples des Apôtres, qui nous enseignent que l'amour de notre prochain, tel est l'accomplissement de la Loi (cf. Rom. 13,10). Mais, comme nous l'avons dit, le juste jugement de Dieu, qui a ordonné que l'affliction méritée par nos péchés soit comblée, vous a retenus. Mais lorsque vous aurez apprit tout, en particulier tout ce qui jusqu'alors n'était pas parvenu à vos oreilles, par notre révérend frère le diacre Sabinus, qui sera à même de vous narrer en personne ce qui est omis dans cette lettre, nous vous supplions de vous lever tant par zèle pour la vérité que par compassion envers nous. Nous vous implorons de vous revêtir de profonde miséricorde, de laisser de côté toute hésitation, et d'entreprendre l'oeuvre de l'amour, sans envisager la longueur du chemin, vos propres occupations, ou tout autre intérêt humain.

2. Ce n'est pas seulement une Église [locale] qui est en péril, ni 2 ou 3 qui seraient tombées dans cette terrible tempête. Le trouble de cette hérésie se répand presque depuis les frontières de l'Illyrie jusqu'à la Thébaïde. Ses mauvaises semences furent d'abord semées par l'infâme Arius; elles se sont ensuite profondément enracinées par les oeuvres de nombreux qui ont vigoureusement cultivé l'impiété entre son époque et la nôtre. A présent, elles ont produit leur fruit mortel. Les doctrines de la vraie religion sont foulées aux pieds. Les lois de l'Église sont dans la confusion. L'ambition d'hommes, qui ne craignent pas Dieu, se précipitent aux plus hautes positions et rangs élevés est à présent publiquement connue comme étant le prix de l'impiété. Il en résulte qu'au plus l'homme blasphème, au plus les gens le trouvent digne d'être évêque. La dignité cléricale est une chose du passé. Il y a un manque total d'hommes érudits pour veiller sur le troupeau du Seigneur. Des hommes ambitieux ne cessent de dilapider les biens destinés aux pauvres, en faisant leur propre jouissance, et les utilisant pour faire des cadeaux. Il n'y a plus de connaissance précise des Canons. Il y a immunité complète pour le péché; quand des hommes ont été placés à un poste par la faveur d'autres, en retour, ils sont obligés de sans cesse montrer de l'indulgence pour les offenseurs. Le juste jugement appartient au passé; et chacun s'en va suivant les désirs de son propre coeur. Le vice ne connaît plus de limites; les gens ne se retiennent plus de rien. Les hommes qui ont autorité ont peur de s'exprimer, car ceux qui ont atteint le pouvoir par collusion sont les esclaves de ceux à qui ils doivent leur avancement. Et à présent, même l'apologie de l'Orthodoxie est regardée par certains partis comme une opportunité pour des attaques mutuelles; et les hommes cachent leurs basses intentions et prétendent que leur hostilité est pour le bien de la vérité. D'autres, redoutant d'être convaincus de crimes odieux, ont rendu le peuple fou jusqu'à entrer en querelles fratricides, de sorte que leurs propres méfaits puissent ne pas être remarqués dans la confusion généralisée. D'où les guerres n'acceptent nulle trêve, car les auteurs d'actions mauvaises ont peur de la paix, la redoutant car elle permettrait de dévoiler leur secrète infamie. Les incroyants rigolent; les hésitants dans la foi sont ébranlés; la foi est incertaine; les âmes sont imprégnées d'ignorance, car les adultères de la Parole imitent la vérité. Les bouches des vrais fidèles restent muettes, pendant que toute langue blasphématoire s'agite librement; les choses saintes sont foulées aux pieds; les meilleurs laïcs fuient les églises comme étant des écoles d'impiété; et ils élèvent leurs mains dans des déserts, avec soupirs et larmes, vers leur Seigneur qui est au Ciel. Même vous, vous avez dû entendre parler de ce qui advenait dans la plupart de nos villes, comment nos gens avec épouses et enfants et même nos vieillards en fuient les murs, et offrent leurs prières à l'air libre, supportant avec grande patience tous les inconvénients météorologiques, et attendant l'aide du Seigneur.

3. Quelle lamentation pourrait rencontrer ces malheurs? Quelle source de larmes pourrait leur suffire? Alors que certains semblent encore tenir bon, alors qu'une trace de l'ancien état des choses subsiste, avant que l'ultime naufrage ne frappe l'Église, hâtez-vous de venir à nous, hâtez-vous maintenant, frères véritables, nous vous en implorons; à genoux, nous vous implorons, étendez une main secourable. Puissent vos fraternelles entrailles être bouleversées face à ce que nous subissons; ne regardez pas, indifférents, la moitié de l'empire être dévorée par l'erreur; ne laissez pas la lumière de la Foi s'éteindre là où elle brilla pour la première fois.
Par quelle action vous pourriez aider, et comment vous pourriez montrer votre compassion envers les affligés, vous ne voudriez pas que nous vous l'exprimions; le Saint Esprit vous le suggérera. Mais incontestablement, si il faut que les survivants soient sauvés, prompte action est requise, ainsi que l'arrivée d'un nombre considérable de frères, de sorte que ceux qui nous visitent puissent compléter le nombre de présents au Synode, afin que nous puissions être en nombre pour effectuer une réforme, non simplement de la dignité d'entre ceux dont ils sont les émissaires, mais aussi par le fait de leur propre nombre : ainsi ils restaureront le Credo tel qu'établit par nos Pères à Nicée, proscriront l'hérésie, et, amenant à un accord tous ceux qui sont un d'esprit, diront la paix aux Églises. Car la plus affligeante chose à propos de tout ce qui se passe, c'est que la partie saine est divisée contre elle-même, et les troubles que nous souffrons sont de la même teneur que ceux qui frappèrent autrefois Jérusalem lorsque Vespasien l'assiégea. Les Juifs de cette époque étaient à la fois assaillis par des ennemis et consommés par la sédition interne de leur propre peuple. Dans notre cas aussi, en plus des attaques ouvertes des hérétiques, les Églises sont réduites à l'extrême impuissance par la guerre qui sévit entre ceux qui sont supposés être Orthodoxes.
Pour toutes ces raisons, nous aspirons en effet après votre aide, de sorte qu'à l'avenir, tous ceux qui confessent la Foi apostolique puissent mettre un terme aux schismes qu'ils ont hélas causés, et soient apaisés pour le futur de l'autorité de l'Église; de sorte qu'à nouveau, le Corps du Christ puisse être complet, restauré dans l'intégrité avec tous ses membres. Ainsi nous ne louerons pas seulement les bénédictions des autres, ce qui est la seule chose que nous puissions faire pour l'instant, mais nous verrons nos propres Églises à nouveau restaurées dans leur immaculée splendeur d'Orthodoxie. Car, vraiment, l'avantage qui vous a été donné par le Seigneur est digne des plus hautes félicitations, votre capacité de discernement entre le fallacieux et l'authentique et pur, et votre prédication de la Foi des Pères sans la moindre dissimulation. Cette Foi que nous avons reçue; cette Fois que nous savons être marquée du sceau des Apôtres; à cette Foi, nous acquiesçons, de même qu'à tout ce qui a été canoniquement et légalement promulgué par la Lettre Synodale.

Source française : Saint Materne.

jeudi 21 mai 2015

Les reliques de ste Hélène à Paris

A l'occasion de la fête des saints empereurs, égaux-aux-Apôtres, Constantin et sa mère Hélène, nous reprenons une homélie prononcé par le père Nicolas Nikichine (alors diacre), directeur du Centre de pèlerinage du diocèse de Chersonèse, sur sainte Hélène et la présence de ces reliques à Paris.


Les reliques de ste Hélène en I'église St.Leu-St.Gilles

Mes frères et sœurs,

Ste Hélène est plus que connue dans l'histoire de l'Eglise. Saint Grégoire le Grand la représentait comme l'instrument dont Dieu se servit, pour faire briller dans le cœur des Romains les lumières de la foi.

Elle était la mère du 1er empereur chrétien, st. Constantin qui fut " le premier qui a soumis sa pourpre au Christ librement, le reconnaissant comme Dieu et Roi de tous " (Vêpres, stichère du Lucernaire). Saint Ambroise estime " Constantin bienheureux d'avoir été formé par telle mère " ; saint Paulin de Nole affirme que " Constantin doit autant à la foi de sa mère, qu'à la sienne propre, d'avoir été le prince des princes chrétiens ".

Son autre titre de gloire fut la découverte de la Vraie Croix. La " Vraie ", parce que sur cette croix précisément notre Sauveur fut crucifié. L'Eglise a consacré par l'institution de deux fêtes le souvenir de cet acte de la vie de ste Hélène :
  • le 6 mars selon le calendrier grégorien ou le 19 mars selon le calendrier julien – Anniversaire de l'Invention de la Vraie Croix et d'autres reliques de la Passion de Notre Sauveur ;
  • le 14 septembre / le 27 septembre – Fête de l'Exaltation de la Vraie Croix.


C'est ste Hélène qui se distingua également par la restauration des Lieux Saints en Israël. Jusqu'à Hélène, cette terre était presque déserte et profanée par les Romains qui ont soit détruit soit caché sous des amas de décombres tous les vestiges de l'histoire évangélique. Ste Hélène, animée par une foi ardente, arriva en Palestine. Elle fit une véritable campagne de recherches pour identifier et authentifier les lieux liés avec la vie terrestre du Sauveur : de son lieu de naissance à Bethléem au lieu de sa crucifixion au Golgotha. Par ces découvertes, elle donna un argument puissant de la vérité historique des récits de Évangile. Grâce à ste Hélène, la Terre Sainte a été intégrée dans la vie spirituelle de l'Eglise. Elle a frayé la route des Saints Lieux, les générations de chrétiens ne cesseront d'y marcher sur ses traces pour puiser aux sources de notre foi.

Bref, ste Hélène est une des figures féminines les plus grandioses que l'antiquité chrétienne nous ait léguées. Ainsi, les Pères du 4-ème Concile œcuménique voulaient faire un éloge à l'impératrice Pulchérie, ils la proclamèrent " une seconde Hélène, digne émule de la première, par son zèle à défendre et à propager la foi orthodoxe ".

Ste Hélène est tellement grande que si l'on pose la question, en Russie ou en Grèce : où devrait être son corps, si Dieu l'a conservé pour nous ? La réponse naturelle serait d'associer ce lieu présumé avec l'un des centres de l'histoire chrétienne comme Jérusalem, Rome ou Constantinople. En aucune façon Paris ne serait parmi les candidats pour un lieu qui abriterait le corps de ste Hélène.

Et nous, nous sommes ici devant elle pour implorer son aide.

Est-ce que c'est vrai ou faux?

On éprouve d'abord un cruel embarras. Ste Hélène ? Au centre de Paris ? Dans cette ville qu'on associe davantage aux loisirs qu'aux événements de l'histoire de l'Eglise ancienne.
De plus, si l'on regarde du côté des scientifiques, des historiens, on ne trouve que le silence ! Comment est-il possible qu'ils aient oublié dans cette ville qui n'est pas du tout gâtée par les monuments antiques, la mère d'un des plus grands empereurs romains ?

La réponse aux premiers doutes est simple ! Notre science actuelle aime-t-elle le Christ, n'a-t-elle pas rejeté la foi en Lui, d'abord préférant la voix de la raison, ensuite celle de ses passions ? La science d'aujourd'hui occulte tout ce qui touche la vraie lumière. C'est pourquoi il faut être très prudent avant d'accepter les conclusions des historiens concernant le domaine spirituel, là où la nature de l'Eglise se manifestent avec ses propres lois.

Et les Parisiens ?

Où sont les héritiers de la vénération que st Ambroise de Milan, st Fortunat de Poitiers, st Grégoire de Tours manifestaient envers ste Hélène ?

Nous, les étrangers, nous ne nous rendons pas compte, au vu de la prospérité matérielle de l'Occident vis à vis des malheurs de nos propres pays d'origine, de la tragédie spirituelle qu'éprouve encore la France, et Paris en particulier. Paris a connu quatre révolutions dévastatrices pour l'Eglise : en 1789,1830,1848 et 1871. Encore en 1871, les Communards ont tiré du canon à l'entrée de l'église St.Leu-St.Gilles. L'église fut pillée, transformée en club. C'est par un miracle que les reliques de ste Hélène furent sauvées.

Et après ? Les lois anti-chrétiennes de la séparation de l'église et de l'état, la confiscation des biens de l'Eglise et des monastères, l'expulsion des ordres monastiques de France.

Et actuellement c'est la période du rationalisme triomphant qui nie les saints, ridiculise par tous les moyens les mystères de la foi, sans avoir trouvé d'opposition spirituelle adéquate. La société française du 20-ème siècle n'est pas encore passé par une perestroïka comme en Russie, où l'on voit ressurgir des cendres des églises, des monastères, des nouveaux séminaires.

En bref, l'absence de vénération actuelle de ste Hélène est une conséquence des problèmes sociaux et moraux d'aujourd'hui, mais en aucune façon n'est liée avec le problème d'authenticité de ses reliques.

Jamais de doutes

Si l'on s'adresse à la voix de l'Eglise, la réponse est plus que simple. Il n'y eut jamais de doutes ni d'objection jusqu'au 20-ème siècle. Tout le monde en Occident acceptait ce fait. D'abord à Rome :
on croyait que ste Hélène y a été enterrée en 328 par son fils Constantin dans un mausolée dont les vestiges existent à nos jours, d'où elle a été ramenée au 9-ème siècle par le moine Teutgis au monastère d'Hautvillers dans le diocèse de Reims.
A Hautvillers :
on a d'abord douté qu'un moine si simple, si chétif, puisse s'emparer d'un pareil trésor, du corps d'une véritable impératrice (imaginez en nos jours l'éventualité du vol du corps d'un président de France). 
Les moines ont effectué plusieurs expertises, ils ont notamment fait une analyse historique pour s'assurer que ste Hélène fut bien à Rome. Ensuite on a envoyé une commission compétente à Rome pour constater la disparition des reliques. Enfin, on a fait subir à Teutgis une épreuve, qu'on utilisait dans les circonstances exceptionnelles pour tester si le témoin dit la vérité. En présence de l'évêque de Reims, le célèbre Hincmar, du roi Charles le Chauve et de sa cour, Teutgis est passé par l'eau bouillante, croyant fermement que ste Hélène le délivrerait : il resta sain et sauf. 
Depuis, la foi en l'authenticité du corps de ste Hélène resta à Hautvillers inébranlable jusqu'à la Révolution. De plus beaucoup de miracles grâce aux prières à ste Hélène, ne pouvaient qu'affermir davantage cette foi.
A Paris :
on accepta l'authenticité des reliques car depuis leur arrivée à Hautvillers, elles avaient été examinées plusieurs fois à l'occasion des changements de châsse et des divers malheurs dûs aux guerres de religion du 16-ème siècle. Les conclusions des commissions qui ont procédé à l'ouverture de la châsse et à la translation des reliques de ste Hélène se corroborent. Elles témoignent que ce sont les mêmes reliques qui furent reçues au 9-ème siècle et qui ont été transmises en 1820 par le moine Grossard à la Confrérie des Chevaliers du Saint-Sépulcre qui avaient leur siège à l'église St.Leu-St.Gilles.
En 1875, après les désastres de la Commune de Paris, on a ouvert la châsse une dernière fois. On établit un certificat médical décrivant du point de vue anatomique les reliques de ste Hélène. Se basant sur ce certificat, Mgr Richard, archevêque de Paris, constata que " la châsse renferme le tronc presque entier du corps de ste Hélène ; dépourvu de tête et des membres fortement comprimé et aplati dans le sens bilatéral et que l'état du corps conservé dans la châsse de l'église St.Leu-St.Gilles correspond aux descriptions connues enregistrées par les Bollandistes au 18-ème siècle ". La châsse fut alors placée plus en vue, au-dessus et en arrière du maître-autel, au pied du grand crucifix, suspendu entre les deux piliers de l'abside. Depuis personne n'a ouvert le reliquaire.

La Croix est une folie...

Au 20-ème siècle, les historiens ont qualifié la translation de ste Hélène de Rome à Hautvillers par le terme de " vol ". Ils ont insisté sur ce terme, sous-entendu que tout devient suspect : les circonstances décrites, l'objet-même du vol.

Est-ce vraiment ste Hélène qui est arrivée en France ? Teutgis ne fut-il pas victime ou même personne consentant à la duperie ?

Or c'est ici que nous touchons le domaine propre de la foi. Les reliques sont-elles seulement des " objets " de ce monde, sous-entendu passifs, et dans ce cas elles ne sont que les témoins du passé ou bien sont-elles des " sujets " et, alors, elles sont et peuvent être actives.

Pour nous les chrétiens, la vénération des reliques repose sur la foi que les saints sont plus facilement accessibles par leurs restes terrestres que Dieu a voulu nous confier. Et ce saint continue à participer dans la vie de l'Eglise entière, dans notre vie personnelle par l'intermédiaire de ses reliques, à sa façon, selon la volonté de Dieu.

Plusieurs circonstances enregistrées dans le récit de la translation de ste Hélène de Rome à Hautvillers : événements extraordinaires, guérisons, – témoignaient à ceux qui les ont accompagnées lors du trajet, du consentement réelle de ste Hélène à poursuivre le chemin. C'est pourquoi, nous ne devons pas être étonnés, sachant que le pape Léon IX, après avoir reçu la commission des moines de Hautvillers venus vérifier le récit de Teutgis, n'avait pas réclamé les reliques. Après s'être renseigné sur l'histoire de la translation, il a compris que telle était la volonté de ste Hélène, elle-même, de reposer dans un autre endroit que Rome.

L'Eglise orthodoxe a déjà tranché dans un cas similaire, notamment en ce qui concerne la translation des reliques de st Nicolas de Myre en Asie Mineure à Bari en Italie, en 1087. On chante dans l'office du 22 mai commémorant l'événement, qu'il ne fut pas digne que ces reliques restent sans la vénération qui leur est due dans un lieu désert. C'est pourquoi elles ont été transférées de l'Asie Mineure, dévastée par les Turcs en Italie, pour servir aux fidèles dans un pays qui était à cette époque en voie de développement.

Rappelons que le 9-ème siècle, l'époque de la translation des reliques de ste Hélène, était l'époque de l'épanouissement culturel et politique, dit de la Renaissance carolingienne, période où se sont constitués en germe les états du monde moderne issus des royaumes barbares.

La conclusion s'impose : c'est vraiment le corps de ste Hélène qui est devant nous.

Dans ce cas des questions se lèvent :
  1. Pourquoi est-ce à Paris que repose ste Hélène, pourquoi cette rue fut-elle choisie dans cette ville ;
  2. Pourquoi cet abandon actuel ?

Peut-on comprendre ce signe que Dieu nous envoie ? Nous ne pouvons que sonder les desseins de Dieu.

Pourquoi Paris ?

Même si ce n'est pas une ville dite sainte, Paris est l'un des centres de la civilisation, de la culture incontournables des temps modernes. Comment voulez-vous que Dieu, qui veut que tout le monde soit sauvé et que chacun arrive à la connaissance de la vérité, sauve son peuple et son héritage. Il nous offre des signes de salut : les reliques des héros de notre foi, pour qu'elles soient à notre portée et là où l'histoire moderne se creuse réellement.

Pourquoi cette rue ?

On ne peut voir ici que le vice. Mais soyons prudents : les derniers peuvent devenir les premiers, et on se souvient de la mise en garde : les prostituées vous précédent dans le Royaume des cieux.

D'autre part, cette rue porte le nom de st Denis. C'est elle qui menait de l'Ile de la Cité, siège du pouvoir terrestre, à la Basilique de st Denis, lieu d'enterrement du 1er évêque de Paris, du patron spécial de la monarchie, de l'état français. C'est par cette rue que passaient les cortèges funèbres accompagnant les rois sur leur dernier chemin vers le lieu du repos à la Basilique, et c'est par elle que le cortège emmenait le roi de Reims après le couronnement. Ce n'est pas une rue, c'est la rue qui relie Paris à ses origines chrétiennes, la France terrestre avec son protecteur céleste.

Est-ce un hasard que celle qui a ranimé la foi de l'église déchirée par les querelles ariennes, se trouve ici sur cette rue qui mène vers celui qui a engendré la foi à Paris ?

Pourquoi cet abandon, cet oubli ?

C'est un signe, que l'évolution éthique et politique est défaillante et qu'il faut changer quelque chose.

Nous ne pouvons agir que pour nous-mêmes. Croyons, comme st Séraphin de Sarov : sauve-toi toi-même et mille autres seront sauvés.

Quel est le vrai sens de ce signe, de cette invention ?

Les Pères ont dit que Dieu souvent nous révèle les saints : leurs reliques, leurs tombeaux oubliés, la veille d'événements pénibles, de grands bouleversements pour nous affermir. Et tout incite à penser ainsi, en regardant le monde autour de nous. C'est comme si l'on déterrait les anciennes armes de guerre. Parfois Dieu révèle ces trésors pour manifester Sa gloire, Sa puissance. C'est pourquoi on pourrait trembler face à cette nouvelle invention des reliques de ste Hélène, mais nous devons croire que tout est pour notre bien, pour le mieux.

Qui oserait pénétrer les desseins de Dieu ?

Il y a un parallélisme frappant entre l'époque où vivait ste Hélène et la nôtre : l'indifférence spirituelle, la décadence morale, la foi chrétienne ridiculisée. C'est Hélène qui fut choisie comme l'un des instruments pour ranimer la foi chrétienne fléchissante. C'est elle qui a cru à la grâce des Lieux Saints et, par un effort extraordinaire, vu son âge avancé, elle a ouvert la voie vers la grâce aux innombrables foules de pèlerins. Les parcelles de la Vraie Croix retrouvée ont été distribuées à toutes les églises comme témoins de la vérité de l'Incarnation et les miracles qui ont été produits manifestaient la realité de l'Amour divin envers nous.

Aujourd'hui, quand notre foi est devenue plutôt tiède, quand notre salut est menacé, c'est pour rallumer la flamme de notre foi, qu'elle est là. Elle-même, à la fin de sa vie terrestre, a trouvé les lieux saints en Palestine. Actuellement c'est une terre déchirée par les conflits nationaux et religieux.

Maintenant, dans sa vie céleste, elle nous indique un autre lieu saint presque ignoré : Paris. Ne donnons que quelques exemples :

  • c'est ici dans la Sainte Chapelle que fut gardée la Couronne d'épines actuellement conservée à Notre-Dame de Paris ;
  • c'est à Argenteuil, à 15 mn de Paris, que l'on garde la Tunique du Christ, celle qui fut tirée au sort par les soldats au pied de la Croix (Qui va prier devant cette Robe " sans couture ", symbole par excellence de l'unité de l'Eglise ?) ;
  • c'est dans la Basilique St-Denis, aujourd'hui vide, que repose encore maintenant le corps de st Denis, de celui qui a fondé l'Eglise de Paris. D'après la Tradition unanimement confessée jusqu'aux Temps Nouveaux, temps de la Raison, peut-être, mais au profit de la foi, ce fut un disciple de st Paul Denys l'Areopagite, devenu 1er évêque d'Athènes, qui est venu évangéliser la Gaule et finit ses jours par un martyr glorieux. Les œuvres qu'on lui attribue ont fait de lui l'un des piliers de la théologie orthodoxe et occidentale.

Prions pour que le zèle ardent de ste Hélène fasse naître dans nos cœurs un élan pour nous débarrasser de nos préjugés rationalistes, pour que nous puissions nourrir notre foi auprès de ces sources pures que Dieu, dans son Amour a mis à notre disposition, à côté de nous.

Une chose est sûre : le fait que ste Hélène, la sainte universelle, ait choisi la France pour y reposer signifie l'incorporation de la France dans l'orthodoxie. Cette invention ouvre une nouvelle page dans les relations Est-Ouest, dans les relations entre les deux églises. Là où les discussions théologiques sont dans l'impasse, où les pourparlers entre les institutions représentatives des Eglises piétinent, Dieu fait intégrer l'Eglise de France dans l'économie du salut universel par le fait qu'une des plus grandes saintes orthodoxes repose ici. Cette terre ne peut plus être étrangère pour nous, car ste Hélène l'a choisi pour y habiter après son départ aux cieux.

Rappelons que dans l'Eglise orthodoxe sa mémoire est unie à celle de st Constantin, son fils. Leur fête est célébrée le 21 mai / 3 juin. On les vénère comme des " empereurs saints, glorieux, couronnés de Dieu et égaux aux apôtres ".

En Occident sainte Hélène a son propre jour de fête. C'est le 18 août. Dans la notice au Martyrologe Romain elle est aussi associée à l'empereur Constantin : " Fête de sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin, lequel donna l'exemple aux autres princes, par son zèle pour la défense et l'extension de l'Eglise ".

Diacre Nicolas Nikichine

Sainte Hélène, prie Dieu pour nous. 

                                                                          _ _ _

Tropaire et kondakion à Sainte Hélène
Tropaire, ton 8.
Illuminée par la clarté divine, sainte Hélène, / tu délaissas en vérité les ténèbres de l'ignorance, / et fidèlement tu as servi le Roi des siècles, le Christ, notre Dieu.

Kondakion, ton 3.
En ce jour, avec sa mère Hélène, Constantin / a montré au grand jour le bois vénérable de la Croix, / sujet de honte pour les juifs et les païens, / arme de rois chrétiens pour triompher de l'ennemi / et qui pour nous-mêmes est devenue / un signe sublime, redouté des adversaires du Christ.

Source : La France orthodoxe ...vue de la Russie

samedi 16 mai 2015

Pèlerinage à Saint-Nicolas-de-Port


Vendredi 22 mai 2015, commémoration de la translation des reliques de saint Nicolas de Myre à Bari (selon l'ancien calendrier), avec la bénédiction de l'évêque Nestor de Chersonèse (Patriarcat de Moscou), aura lieu un office solennel avec les reliques de Saint-Nicolas dans la Basilique de Saint-Nicolas à Saint-Nicolas-de-Port.

Saint-Nicolas-de-Port en Lorraine est devenu un centre important pour la vénération de saint Nicolas pour les chrétiens de France et d'Allemagne, et surtout d'Alsace et de Lorraine, dont il est le saint protecteur, après le transfert de reliques du saint venant de Bari en 1098.


Programme
01h30 (du matin) : Départ de l'église des Trois Saints Docteurs (rue Pétel à Paris)

08h00 Acathiste devant les reliques de Saint Nicolas. Confession.

09h30 Liturgie de saint Jean Chrysostome.

12h30 Agapes fraternel (apporter de la nourriture avec vous).

20h00 Retour à Paris


Frais: 70€ (paiement à l'avance)


Adresse de la Basilique: 18 rue Anatole France, Saint-Nicolas-de-Port 54000 (12 km de Nancy)

Source

Célébration à Saint-Nicolas-de-Port en 2015
La Liturgie de saint-Jean Chrysostome sera célébrée chaque troisième samedi du mois à la basilique saint-Nicolas.*