jeudi 5 juin 2014

Eglise St-Porchaire à Poitiers


Les origines de l'église saint-Porchaire

Porchaire était abbé de la communauté de Saint-Hilaire, à la fin du VIe siècle. Il fut enterré dans l'église Saint-Sauveur autrefois située entre les rues actuelles Gambetta, de la Marne et Saint Porchaire. Sa tombe devint rapidement un lieu vénéré.
                                        St Porchaire                             St Hilaire évêque de Poitiers (IVe s.)

A la fin du IXe siècle, après les grandes invasions normandes, Theodatus, trésorier du chapitre de Saint-Hilaire, fit construire un nouveau sanctuaire tout près de là, sous le vocable de saint-Porchaire. Les restes du saint, logés dans un sarcophage de pierre, furent transportés dans une crypte.
De cet édifice carolingien restent la crypte, actuellement inaccessible et le mur occidental sur lequel vint s'adosser le clocher-porche. On peut remarquer sur ce mur des ouvertures bouchées : l'une centrale au-dessus de l'entrée, et deux latérales, dont l'une est partiellement visible de l'extérieur, à gauche du clocher.

En 1068, l'église est rattachée à l'abbaye bénédictine de Bourgeuil. Elle sera donc dès lors à la fois paroissiale et siège d'un prieuré situé à l'emplacement de l'actuel presbytère (côté nord). Le cimetière paroissial était du côté sud.
C'est dans ce dernier tiers du XIe siècle qu'est construit le clocher-porche : rez-de-chaussé, voûté d'un berceau en plein cintre, et deux étages, surmontés d'une toiture en pavillon, en place de la flèche initialement prévue. Les chapiteaux de l'entrée représentent des lions (gardien du passage), des oiseaux buvant dans une coupe (symbole de l'eucharistie, source de vie) et encore, symbole de protection divine, le prophète Daniel dans la fosse aux lions (Dan. chap.6).
Saint Daniel dans l’attitude de l'orant, se trouve dans une mandorle sur le pourtour de laquelle est inscrit (aujourd'hui illisible) : "Ici Daniel triomphe grâce à Dieu, de la troupe des lions". Les lions se trouvent de chaque côté. Dans le coin gauche les cieux, d'où sortent une main bénissante, signifiant la bénédiction divine. Dans le coin droit, un ange transportant le prophète Habaquq portant du pain.

Au-dessus de l'entrée, un cartouche sculpté, très abîmé, montrait le Christ en majesté entouré des symboles évangéliques et de deux anges.

En 1843, ce clocher roman promis à la démolition par le conseil municipal afin d'élargir la rue, fut sauver in extremis par l'intervention de Prosper Mérimée, et le fit classer au titre des Monuments Historiques.

Le porche roman franchi, le visiteur se trouve dans une église gothique, construite au XVIe siècle.
Au cours du temps, l'église s'étant délabrée et les murs menaçant ruine. Le curé et les paroissiens en décident la reconstruction. Les travaux sont effectués de 1509 à 1520.

Cet édifice est moins long que ne l'était l'église carolingienne, mais plus large. Si du côté nord on a gardé le tracé des fondations carolingiennes, le mur sud a été reporté bien plus loin. Ce qui explique la situation excentrée de l'entrée. Il a la forme d'une grande salle rectangulaire à deux nefs. Cette disposition inhabituelle n'est pourtant pas unique, et semble correspondre à une double utilisation de l'église : une nef destinée aux paroissiens, l'autre réservée aux moines desservant l'église.


Au milieu du XVIe siècle, des chapelles latérales très peu profondes ont été ajoutées. Des fresques de l'époque, représentant le Christ et les Apôtres, ont été redécouvertes en 1951 ; elles sont aujourd'hui presque illisibles.


En 1951, le sarcophage, sorti de la crypte, a été placé au centre du choeur de l'église actuelle. On pourra lire, sur le couvercle l'inscription : "In hoc tumulo requiescit scs Porcharius" (Dans ce tombeau repose saint Porchaire).


(d'après deux documents distribué dans cette église). Le lecteur intéressé trouvera aussi un document (pdf) assez complet réalisé par la Ville de Poitiers.


Publié en la fête de saint Porchaire.

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