1. Les débuts de l'Eglise des Gaules.
L'Eglise des Gaules commença à exister au premier siècle. La tradition occidentale dit que la Gaule (France) fut initialement évangélisée et baptisée par sainte Marie Madeleine, saint Lazare des 4 jours au tombeau et ses sœurs Marthe et Marie. Se basant sur la seconde épitre de Saint Paul à Timothée, plusieurs historiens, ont pensé que l'apôtre Crescent, envoyé de saint Paul, a œuvré en Gaule. Quelques uns pensent aussi que saint Paul s'est arrêté en Gaule lorsqu'il était en route pour l'Espagne. Quoi qu'il en soit, le christianisme a pénétré en Gaule du Sud assez tôt, surtout en Provence et dans la Vallée du Rhône, régions qui avaient une forte présence de minorités grecques en provenance d'Asie Mineure, de Phrygie et de Syrie.
L'histoire écrite de la Gaule orthodoxe commence au deuxième siècle avec l'église de Lyon, qui en occident venait après Rome pour ce qui est de l'autorité et de l'influence. Ses premiers évêques furent saint Pothin et saint Irénée. Saint Pothin fut parmi les chrétiens martyrisés par l'empereur Marc-Aurèle en 177 après Jésus-Christ. Les actes de Pothin incorporés par Eusèbe de Césarée dans son Histoire Ecclésiastique (Livre 5, Chapitre 1) sont considérés comme les plus beaux écrits de l'Eglise ancienne. Le successeur de saint Pothin fut le hiéromartyr Irénée, qui avait connu le hiéromartyr Polycarpe dans sa jeunesse à Smyrne, et ce dernier à son tour avait été disciple de l'apôtre et évangéliste Jean. Les écrits de saint Irénée de Lyon sont inclus dans ceux des Saints Pères de l'Eglise. Par eux, l'influence de saint Irénée gagna bientôt l'Asie Mineure et l'Egypte.
D'autres villes eurent aussi des martyrs et des saints, même si les persécutions étaient moins intenses en Gaule que dans d'autres régions de l'Empire. Les plus vénérés de ces saints serviteurs du Christ sont saint Victor de Marseille, saint Saturnin de Toulouse, saint Symphorien d'Autun, saint Marcel de Chalon-sur-Saône et saint Valérien de Tournus, saint Denis de Paris, saint Maurice d'Agaune et les martyrs de la Légion Thébaine, saint Julien de Cénomanis (Le Mans), saint Taurin d'Evreux et saint Patrocle de Troyes.
Au milieu du IIIème siècle, la région de Narbonne et la Gaule Celtique avaient plus de trente évêchés. Des synodes locaux (conciles) furent organisés sous les auspices de l'archevêque d'Arles et y assistèrent le clergé de toute la Gaule et même celui de Grande Bretagne. Le nombre des évêques continua à augmenter jusqu'à la fin du siècle, tandis que le pays se remettait de l'invasion des Allamans de 257. Ayant été épargnée par la persécution de Dioclétien grâce à la modération de César Constantin Chlorus, l'Eglise des Gaules put s'organiser en paix, avant même l'époque du fils de César Constantin, Constantin le Grand. Pourtant, à l'aube du IVème siècle, l'Eglise des Gaules n'était pas encore une "église nationale", comme les églises d'Antioche et Alexandrie.
L'Eglise des Gaules commença à exister au premier siècle. La tradition occidentale dit que la Gaule (France) fut initialement évangélisée et baptisée par sainte Marie Madeleine, saint Lazare des 4 jours au tombeau et ses sœurs Marthe et Marie. Se basant sur la seconde épitre de Saint Paul à Timothée, plusieurs historiens, ont pensé que l'apôtre Crescent, envoyé de saint Paul, a œuvré en Gaule. Quelques uns pensent aussi que saint Paul s'est arrêté en Gaule lorsqu'il était en route pour l'Espagne. Quoi qu'il en soit, le christianisme a pénétré en Gaule du Sud assez tôt, surtout en Provence et dans la Vallée du Rhône, régions qui avaient une forte présence de minorités grecques en provenance d'Asie Mineure, de Phrygie et de Syrie.
L'histoire écrite de la Gaule orthodoxe commence au deuxième siècle avec l'église de Lyon, qui en occident venait après Rome pour ce qui est de l'autorité et de l'influence. Ses premiers évêques furent saint Pothin et saint Irénée. Saint Pothin fut parmi les chrétiens martyrisés par l'empereur Marc-Aurèle en 177 après Jésus-Christ. Les actes de Pothin incorporés par Eusèbe de Césarée dans son Histoire Ecclésiastique (Livre 5, Chapitre 1) sont considérés comme les plus beaux écrits de l'Eglise ancienne. Le successeur de saint Pothin fut le hiéromartyr Irénée, qui avait connu le hiéromartyr Polycarpe dans sa jeunesse à Smyrne, et ce dernier à son tour avait été disciple de l'apôtre et évangéliste Jean. Les écrits de saint Irénée de Lyon sont inclus dans ceux des Saints Pères de l'Eglise. Par eux, l'influence de saint Irénée gagna bientôt l'Asie Mineure et l'Egypte.
D'autres villes eurent aussi des martyrs et des saints, même si les persécutions étaient moins intenses en Gaule que dans d'autres régions de l'Empire. Les plus vénérés de ces saints serviteurs du Christ sont saint Victor de Marseille, saint Saturnin de Toulouse, saint Symphorien d'Autun, saint Marcel de Chalon-sur-Saône et saint Valérien de Tournus, saint Denis de Paris, saint Maurice d'Agaune et les martyrs de la Légion Thébaine, saint Julien de Cénomanis (Le Mans), saint Taurin d'Evreux et saint Patrocle de Troyes.
Au milieu du IIIème siècle, la région de Narbonne et la Gaule Celtique avaient plus de trente évêchés. Des synodes locaux (conciles) furent organisés sous les auspices de l'archevêque d'Arles et y assistèrent le clergé de toute la Gaule et même celui de Grande Bretagne. Le nombre des évêques continua à augmenter jusqu'à la fin du siècle, tandis que le pays se remettait de l'invasion des Allamans de 257. Ayant été épargnée par la persécution de Dioclétien grâce à la modération de César Constantin Chlorus, l'Eglise des Gaules put s'organiser en paix, avant même l'époque du fils de César Constantin, Constantin le Grand. Pourtant, à l'aube du IVème siècle, l'Eglise des Gaules n'était pas encore une "église nationale", comme les églises d'Antioche et Alexandrie.
2. Saint Martin de Tours et la floraison du monachisme occidental.
Le monachisme prit originellement racine en Orient, mais relativement tôt, l'Occident reçut un modèle de ce type de vie dans l'exemple personnel et les écrits de saint Athanase d'Alexandrie qui vécut en exil à Trêves, en Gaule en 335. Comme Athanase connaissait saint Antoine le Grand et avait trouvé refuge parmi les moines de la haute Egypte lors d'une période de grand danger, on peut en déduire que les Gaules entendirent parler du bienheureux Antoine et des exploits ascétiques des moines égyptiens lors de l'exil de saint Athanase.
Au IVe siècle, le feu du christianisme commença à embraser avec intensité la Gaule chrétienne. Ceci était dû principalement à l'exemple et à l'inspiration venus du mouvement monastique grandissant partout dans le monde chrétien.
Deux des plus grands saints de ce temps en Gaule étaient saint Hilaire de Poitiers et saint Martin de Tours. Saint Hilaire, connu sous le nom de "l'Athanase d'Occident", fut le père spirituel de saint Martin. Saint Martin est considéré comme le premier grand saint de Gaule issu du monachisme. Son exemple de "martyr non-sanglant" par l'ascèse fut adopté par beaucoup d'autres chrétiens.
On peut décrire trois éléments importants qui contribuèrent parmi les peuples gaulois à l'expansion de l'idéal ascétique monastique:
a) Le premier monastère véritable fut Marmoutier [ moutier/monastère de Martin!] fondé par saint Martin. Les moines de Marmoutiers, au nombre de quatre-vingts, vivaient tous dans de minuscules cellules de bois construites à moitié dans les grottes naturelles sur le flanc d'une immense falaise le long des rives de la Loire. On peut encore voir ces grottes de nos jours près de Tours. Le monastère de Marmoutier eut une grande influence car de nombreux évêques furent choisis parmi ses moines. Saint Sulpice Sévère parle ainsi du monachisme dans sa vie de saint Martin:
"Personne ne possédait quoi que ce soit en propre. Il était interdit d'acheter ou de vendre quoi que ce soit...
Aucun artisanat n'y était pratiqué, sauf celui des copistes et même celui-ci était assigné aux frères dans leurs jeunes années, tandis que les frères plus âgés passaient leur temps à la prière. Il était rare que l'un d'eux s'éloigne de sa cellule. Ils mangeaient tous ensemble.
La plupart d'entre eux étaient vêtus de vêtements en poil de chameau. Ceci devait être la chose la plus remarquable, car beaucoup parmi eux venaient de la noblesse...et avaient été éduqués différemment." (Chapitre 10 de la Vie de Saint Martin). L'expression particulière de la vie monastique de saint Martin à Marmoutier était naturellement en harmonie avec l'âme des Gaules et elle servit de catalyseur à l'expansion du christianisme parmi le peuple.
b) Un des fruits immédiats de cet exemple de saint Martin, fut le monastère de Lérins. La fondation de ce monastère sur l'île de Lérins en 410 fut l'œuvre de saint Honorat, futur évêque d'Arles. Le monastère servit d'école spirituelle pour les évêques et les écrivains ecclésiastiques comme saint Faust de Riez, saint Eucher de Lyon, saint Vincent de Lérins, saint Hilaire et saint Césaire d'Arles et saint Patrick d'Irlande. Ce que nous savons de la vie du monastère de Lérins peut être trouvé principalement dans la vie de son fondateur., saint Honorat et le texte de saint Eucher de Lyon La Louange du Désert. Par ces sources, nous voyons que la plupart des moines vivaient en communauté, tandis que les plus expérimentés luttaient dans la vie érémitique ou semi-érémitique. Le monachisme dans la tradition de Lérins (qui considérait la vie des anachorètes du désert comme l'idéal le plus haut) se répandit dans toute la partie sud-est de la Gaule, et notamment dans les montagnes du Jura avec saint Romain et saint Lupicin, et dans le Valais suisse, où le monastère de Saint Maurice d'Agaune [actuel Saint Maurice dans le Valais suisse], resta un centre spirituel important pour les siècles futurs.
c) Enfin, il faut mentionner aussi les enseignements spirituels de saint Jean Cassien. En 416, saint Jean fonda le monastère de saint Victor de Marseille. Avant cette date, en 400, il avait été ordonné au diaconat par saint Jean Chrysostome. Saint Jean Cassien fut un grand défenseur des enseignements dogmatiques de l'Eglise et il exposa prudemment la synergie entre le libre arbitre de l'homme et la Grâce de Dieu. Son œuvre première, fut cependant de révéler aux moines gaulois la manière de vivre et la spiritualité des moines d'Orient. Ses Institutions et ses Conférences, qu'il écrivit pour les moines de Provence, sont une manifestation glorieuse des fruits spirituels qu'il avait acquis lors de son long séjour en Egypte parmi ces saints hommes célèbres. Beaucoup de communautés monastiques nouvellement fondées, qui désiraient mener la vie solitaire, utilisèrent ses écrits comme manuels et guides spirituels. Les règles monastiques décrites en détail dans ses Institutions furent déterminantes pour la fondation des typica monastiques subséquent dans les siècles à venir, y compris pour la Règle de Saint Benoît.
Le monachisme prit originellement racine en Orient, mais relativement tôt, l'Occident reçut un modèle de ce type de vie dans l'exemple personnel et les écrits de saint Athanase d'Alexandrie qui vécut en exil à Trêves, en Gaule en 335. Comme Athanase connaissait saint Antoine le Grand et avait trouvé refuge parmi les moines de la haute Egypte lors d'une période de grand danger, on peut en déduire que les Gaules entendirent parler du bienheureux Antoine et des exploits ascétiques des moines égyptiens lors de l'exil de saint Athanase.
Au IVe siècle, le feu du christianisme commença à embraser avec intensité la Gaule chrétienne. Ceci était dû principalement à l'exemple et à l'inspiration venus du mouvement monastique grandissant partout dans le monde chrétien.
Deux des plus grands saints de ce temps en Gaule étaient saint Hilaire de Poitiers et saint Martin de Tours. Saint Hilaire, connu sous le nom de "l'Athanase d'Occident", fut le père spirituel de saint Martin. Saint Martin est considéré comme le premier grand saint de Gaule issu du monachisme. Son exemple de "martyr non-sanglant" par l'ascèse fut adopté par beaucoup d'autres chrétiens.
On peut décrire trois éléments importants qui contribuèrent parmi les peuples gaulois à l'expansion de l'idéal ascétique monastique:
a) Le premier monastère véritable fut Marmoutier [ moutier/monastère de Martin!] fondé par saint Martin. Les moines de Marmoutiers, au nombre de quatre-vingts, vivaient tous dans de minuscules cellules de bois construites à moitié dans les grottes naturelles sur le flanc d'une immense falaise le long des rives de la Loire. On peut encore voir ces grottes de nos jours près de Tours. Le monastère de Marmoutier eut une grande influence car de nombreux évêques furent choisis parmi ses moines. Saint Sulpice Sévère parle ainsi du monachisme dans sa vie de saint Martin:
"Personne ne possédait quoi que ce soit en propre. Il était interdit d'acheter ou de vendre quoi que ce soit...
Aucun artisanat n'y était pratiqué, sauf celui des copistes et même celui-ci était assigné aux frères dans leurs jeunes années, tandis que les frères plus âgés passaient leur temps à la prière. Il était rare que l'un d'eux s'éloigne de sa cellule. Ils mangeaient tous ensemble.
La plupart d'entre eux étaient vêtus de vêtements en poil de chameau. Ceci devait être la chose la plus remarquable, car beaucoup parmi eux venaient de la noblesse...et avaient été éduqués différemment." (Chapitre 10 de la Vie de Saint Martin). L'expression particulière de la vie monastique de saint Martin à Marmoutier était naturellement en harmonie avec l'âme des Gaules et elle servit de catalyseur à l'expansion du christianisme parmi le peuple.
b) Un des fruits immédiats de cet exemple de saint Martin, fut le monastère de Lérins. La fondation de ce monastère sur l'île de Lérins en 410 fut l'œuvre de saint Honorat, futur évêque d'Arles. Le monastère servit d'école spirituelle pour les évêques et les écrivains ecclésiastiques comme saint Faust de Riez, saint Eucher de Lyon, saint Vincent de Lérins, saint Hilaire et saint Césaire d'Arles et saint Patrick d'Irlande. Ce que nous savons de la vie du monastère de Lérins peut être trouvé principalement dans la vie de son fondateur., saint Honorat et le texte de saint Eucher de Lyon La Louange du Désert. Par ces sources, nous voyons que la plupart des moines vivaient en communauté, tandis que les plus expérimentés luttaient dans la vie érémitique ou semi-érémitique. Le monachisme dans la tradition de Lérins (qui considérait la vie des anachorètes du désert comme l'idéal le plus haut) se répandit dans toute la partie sud-est de la Gaule, et notamment dans les montagnes du Jura avec saint Romain et saint Lupicin, et dans le Valais suisse, où le monastère de Saint Maurice d'Agaune [actuel Saint Maurice dans le Valais suisse], resta un centre spirituel important pour les siècles futurs.
c) Enfin, il faut mentionner aussi les enseignements spirituels de saint Jean Cassien. En 416, saint Jean fonda le monastère de saint Victor de Marseille. Avant cette date, en 400, il avait été ordonné au diaconat par saint Jean Chrysostome. Saint Jean Cassien fut un grand défenseur des enseignements dogmatiques de l'Eglise et il exposa prudemment la synergie entre le libre arbitre de l'homme et la Grâce de Dieu. Son œuvre première, fut cependant de révéler aux moines gaulois la manière de vivre et la spiritualité des moines d'Orient. Ses Institutions et ses Conférences, qu'il écrivit pour les moines de Provence, sont une manifestation glorieuse des fruits spirituels qu'il avait acquis lors de son long séjour en Egypte parmi ces saints hommes célèbres. Beaucoup de communautés monastiques nouvellement fondées, qui désiraient mener la vie solitaire, utilisèrent ses écrits comme manuels et guides spirituels. Les règles monastiques décrites en détail dans ses Institutions furent déterminantes pour la fondation des typica monastiques subséquent dans les siècles à venir, y compris pour la Règle de Saint Benoît.
3. Les mérovingiens
A peine le monachisme commençait-il à s'enraciner en Gaule, qu'arriva un événement qui ébranla les esprits et les cœurs de tout le monde gréco-romain: après plusieurs siècles de violents conflits et de sanglantes escarmouches, les tribus germaniques du Nord mirent finalement Rome à sac. Cela marqua le commencement d'une nouvelle période de l'histoire de l'occident, à la fois sur le plan ecclésiastique et politique, par les défis qui furent lancés à l'Eglise Orthodoxe grandissante.
La fusion de la population celto-romaine en Gaule avec les envahisseurs Francs fut facilitée par la conversion du roi franc Clovis du paganisme germanique à l'Orthodoxie en 498, cet événement débutant ce qui est connu à présent sous le nom de période mérovingienne de l'histoire de la Gaule.
Alors que les intentions de Clovis pouvaient être bonnes, ses actions et sa pratique, ainsi que celles de quelques uns de ses descendants, ne respectèrent pas l'idéal chrétien. Mais malgré le fait que le comportement de l'aristocratie franque pouvait être caractérisée comme brutale, la sainteté orthodoxe eut une influence puissante sur la société mérovingienne. Peu d'époques furent aussi fertiles en saints. Les saints furent nombreux parmi les conseillers des rois. Quelques uns appartenaient même aux familles royales, on peut mentionner le roi Gontran de Burgondie (surnommé le Bon Roi), et plus particulièrement les saintes reines: Clotilde, Radegonde et Bathilde. Ce furent les saintes reines mérovingiennes qui inspirèrent le monachisme féminin en Gaule en fondant des couvents et en s'y retirant peu de temps avant leur pieuse mort.
Ce furent indubitablement les saints évêques des Ve et VIe siècles qui soutinrent les plus pénibles combats. C'était dû à plusieurs causes: l'impiété des gouvernants sans cesse changeants, l'opposition de beaucoup de peuples germains ariens ou païens non-convertis qui venaient s'établir dans leurs sièges et le laxisme, les ambitions mondaines et le caractère mercenaire de certains clercs chrétiens. Néanmoins, de grands saints brillèrent durant ces siècles, comme les saints hiérarques Remi de Reims, Eloi de Noyon [et Tournai], Aldouin de Rouen, Déodat de Cahors, Léger d'Autun et plus particulièrement Grégoire de Tours. Saint Grégoire écrivit beaucoup (plus de douze volumes) sur l'histoire de la Gaule et sur ses saints et ses pécheurs. C'est par lui que nous connaissons le plus de choses à propos de l'époque mérovingienne de la Gaule orthodoxe.
Les années passèrent et la foi continua à croître parmi le peuple de Gaule. Puis, à la fin du VIème siècle, ce processus de conversion naturelle reçut une impulsion nouvelle venant d'une source inattendue: les moines et les saints d'Irlande.
4. Les missionnaires irlandais sur le continent
L'exemple le plus connu de missionnaire monastique irlandais, fut saint Colomban de Luxeuil qui fut le premier à faire cette "migration" vers le continent européen.
Saint Colomban et ses disciples commencèrent leur voyage en 590, passant à travers la Bretagne jusqu'au cœur de la Gaule franque. A l'époque où saint Colomban arriva, les conditions politiques et sociales en Gaule étaient déjà déplorables. Saint Colomban et ses disciples se mirent à faire de la prédication itinérante, avant de rencontrer Saint Gontran, roi de Burgondie [Bourgogne] déjà mentionné et de recevoir de lui permission d'établir un monastère. Saint Colomban choisit un lieu loin de la cour, aux pieds des Vosges, dans un endroit appelé Annegray. Peu après deux autres fondations surgirent, celle de Luxeuil et de Fontaines. Saint Colomban fut l'higoumène des trois monastères.
Pendant environ dix ans, tout alla bien; la région était profondément et en permanence influencée par les monastères et presque tous ses habitants furent baptisés. Alors, il s'attira des ennuis avec la reine Brunehilde et fut exilé hors de Burgondie. Bien que rejeté de Burgondie, saint Colomban fut le bienvenu chez les autres rois francs, qui étaient aussi de plus en plus éloignés de la Burgondie. Finalement saint Colomban et ses moines s'installèrent à Bregenz, à l'extrémité orientale du Lac de Constance dans ce qui est à présent la Suisse. Laissant là un de ses proches disciples, reçut l'inspiration de prêcher aux Lombards et il traversa les Alpes pour aller en Italie, s'établissant enfin à Bobbio près du Pô, où il mourut en 615.
Les autres moines missionnaires d'Irlande, étaient saint Killian, Colman, Totnan de Wurzburg en Allemagne, saint Gall en Suisse, saint Ours d'Aoste en Italie et saint Feuillant dans le Brabant. A travers toute l'Europe, les moines irlandais établirent des hôtelleries pour les pèlerins et les voyageurs en plus de leurs ermitages monastiques et où qu'ils aillent, ils continuèrent à emporter avec eux et à produire des œuvres de grande beauté. L'Europe Occidentale avait souffert de grande pertes culturelles à cause de la violence des siècles précédents. Les irlandais qui venaient sur le continent, transportaient dans leur besace des copies de textes anciens, et certains d'entre eux n'avaient été vus pendant des siècles, que par des yeux irlandais. Ainsi ces moines ramenaient en Europe les trésors perdus de l'enseignement classique, de la pensée patristique, des commentaires bibliques et de la poésie, en prenant sous leurs ailes les peuples germaniques barbares et en les convertissant ensuite par leur amour et leur exemple.
5. Charlemagne et le commencement de la fin
A la fin du VIIIe siècle, beaucoup de tribus germaniques avaient entendu la Bonne Nouvelle de l'Evangile et s'étaient converties au christianisme. Ceci fut plus particulièrement vrai sur une grande échelle, des gouvernants, donnant naissance à la célèbre dynastie des Carolingiens, avec Charlemagne comme premier grand chef dont l'influence fut décisive. Il essaya d'instituer "la Nouvelle Byzance" ou "le Nouvel Empire Romain" en alliant consciemment son royaume avec le Pape de Rome, pour créer un "modèle" ou un "idéal" de société chrétienne, sur lequel les futures générations pourraient bâtir, à la fois politiquement et dogmatiquement.
Malheureusement, la base dogmatique choisie fut hérétique, et la manière péremptoire avec laquelle, à la fois l'Eglise de Rome et les dirigeants carolingiens, mirent en pratique et bâtirent sur cet idéal défectueux, entraînèrent finalement la séparation de l'Ouest du reste de la chrétienté en 1054.
Bien qu'il en résulta des choix décisif pour le futur de l'Europe (choix qui rompraient l'unité spirituelle de celle-ci) l'avènement des carolingiens, ne mit pas fin à l'Empire byzantin. Les visées annexionnistes et unionistes des pouvoirs occidentaux qui allaient culminer avec la conquête en 1204 de Constantinople, affaiblirent l'Empire byzantin, mais ne le détruisirent pas. A la veille de la conquête turque de Byzance, une magnifique renaissance spirituelle et culturelle eut lieu, au temps des Paléologues, et ceci grâce principalement au mouvement hésychaste. Même après la chute de Constantinople en 1453, la continuité de l'Empire byzantin survécut dans l'Empire russe, jusques à la révolution de 1917.
Quand la Révolution russe eut lieu, le mal communiste se répandit rapidement à travers toutes les autres nations orthodoxes. Pour sauver leurs vies, de nombreux orthodoxes de ces pays furent forcés de fuir. Beaucoup vinrent en occident. Une de ces nations occidentales, la France reçut un très grand nombre de ces immigrants orthodoxes. Ces émigrés commencèrent lentement à partager la foi orthodoxe avec leur prochains et leurs amis, et initièrent le processus qui ramena l'ancienne foi des ancêtres de la France à leurs enfants actuels. Aujourd'hui, on peut trouver des monastères et des couvents orthodoxes qui ponctuent partout la terre de France, et de plus en plus de gens retournent à la plénitude de l'Eglise Orthodoxe Universelle -l'Eglise de saint Martin, de sainte Geneviève et tous les saints patrons de l'ancienne Gaule. Que Dieu leur donne de croître!
( Remerciements à Matouchka Elizabeth Tumbas, qui fournit les traductions et le matériel original de cet article et les brèves vies de saints inclues dans le calendrier de cette année)
Moine Nicodème in The Church of the Gauls
Version française par Claude Lopez-Ginisty.
(Reproduit avec son aimable autorisation. Précédente publication sur Orthodoxologie : 1, 2, 3)
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