A la découverte des reliques des Saints orthodoxes de France - Une aventure chrétienne
La vénération des reliques semblait s'être éteinte en Occident, la voilà qui renaît. Pouvait-il en être autrement? Comme tout pays chrétien, la France s'est construite sur les reliques qu'elle possédait.
La France, malgré les vicissitudes, regorge de reliques. Une multitude de saints l'ont peuplée et nourrie durant le premier millénaire, celui de l'Église indivise, lorsque les chrétiens n'étaient pas séparés entre Orient et Occident.
A peine frémissants dans les années 90 du XX° siècle, les pèlerinages des chrétiens orthodoxes sur les reliques des saints et des lieux saints de France se multiplient depuis le début du XXI° siècle. L'intérêt augmente chez les Catholiques, les ostensions attirent des foules.
Quand les Orthodoxes découvrent et vénèrent les saints des Gaules des premiers siècles, ce sont des blessures par-delà l'histoire qui se referment dans une prière commune.
Nous présentons ici le premier guide écrit en français des reliques des saints «orthodoxes» en France. Pour chaque entrée, un bref rappel de la vie du saint, du contexte historique et de l'histoire de sa relique est exposé.
Introduction
UNE AVENTURE CHRÉTIENNE
À chaque jour du calendrier chrétien correspond la fête de saints particuliers. Réciproquement, chaque saint glorifié a son, ou ses, jours de fête. Ces saints, par leur vie exemplaire et le récit des miracles accomplis de leur vivant et après leur mort, exaltent notre foi. Lorsque nous les fêtons ou que nous les prions, ils portent nos prières jusqu'au Père.
Saint Justin Popovitch dans son ouvrage Philosophie orthodoxe de la Vérité, dogmatique de l'église orthodoxe, tome V, consacre plusieurs chapitres à ce qui définit un être reconnu comme saint par l'église. Il écrit:
«La Sainteté des saints, tant celle de leurs âmes que celle de leurs corps, vient du zèle qu'ils ont mis à mener leur vie dans la grâce et dans les vertus dans le corps divino-humain de l'Eglise du Christ».
Certains édifices religieux gardent encore précieusement le corps entier, un élément de ce corps, un vêtement ou un objet ayant appartenu à un saint. Ce sont des reliques.
Le père Justin dit à propos des saintes reliques:
«...Lorsqu'elle vénère pieusement les reliques des saints, l'Eglise les vénère bien comme des temples du Saint-Esprit, des temples du Dieu vivant dans lesquels Dieu vit par la grâce, même après la mort corporelle des Saints ... ».
L'importance accordée aux reliques a un fondement extrêmement ancien dont la réalité plonge dans la tradition vétérotestamentaire. Il suffit pour s'en persuader de relire la fin de la vie de Jacob et de Joseph qui clôt le livre de la Genèse (Gn 49, 29-33; 50, 25) et aussi ce qui advint par les ossements du prophète Élisée (2 R 13, 20-21).
Ces reliques, dont la partie contient l'ensemble, sont pour les fidèles un appel à la ferveur. Comme l'énonce le père Placide Deseille dans sa préface aux Lettres pastorales de St Nectaire d'Égine:
«Ainsi que l'écrivait au Ve siècle l'évêque de Rouen, saint Victrice, et comme l'ont expérimenté au long des siècles d'innombrables croyants, un petit fragment de son corps ou même d'un linge qu'il a touché rend présent un saint tout entier, avec sa puissance d'exemple et d'intercession ».
Saint Jean Damascène (début du VIII° siècle) compare les reliques à «des temples de Dieu remplis de l'Esprit» car, comme dans les églises, l'Esprit Saint demeure en permanence en elles.
Les reliques sont à l'origine de la fondation de toute église, petite chapelle ou immense basilique. Durant les premiers siècles, beaucoup d'églises étaient construites sur l'emplacement des sépultures des martyrs. Au VIIIe siècle, lors du 7° Concile Ecuménique, la règle est définitivement instituée que tout autel devra obligatoirement être fondé sur de réelles reliques.
La vénération des reliques fut à l'origine de grands rassemblements et de pèlerinages dès les premiers temps chrétiens. Dès le haut Moyen-Âge, posséder des reliques importantes était l'assurance d'obtenir un flux important de pèlerins. Pour les protéger et les mettre en valeur, l'artiste façonna de splendides reliquaires ou participa à la construction de fastueuses cathédrales. Chaque relique possède son histoire. Comme le répétait volontiers le père Nicolas Nikichine, le miracle le plus indubitable des reliques est la beauté et la magnificence des édifices et parfois des villes entières qu'elles ont développés par leur présence.
Les reliques ont voyagé, elles ont été offertes, vendues, achetées, échangées, volées, cachées, mais aussi dispersées, falsifiées, brûlées ou profanées.
La France détient depuis le début de son évangélisation une multitude de reliques. Certaines sont encore vénérées, d'autres ont été oubliées, beaucoup ont disparu, détruites principalement au moment des guerres de religion par les protestants et, plus tard, par les révolutionnaires et les communards. Cet acharnement contre les reliques est un témoignage supplémentaire de leur importance. Elles ne laissent pas indifférent.
Dans les pays orthodoxes, les processions avec des reliques, l'exposition des reliques, transporter des reliques pour les faire vénérer aux fidèles ou faire des kilomètres pour un fidèle pour les vénérer sont tout à fait habituels. Processions et ostensions en pays catholiques perdurent à certains endroits, y compris en France malgré l'interdiction des processions promulguée sous la III° République.
La date de la mort d'un saint est le plus souvent choisie pour déterminer la date où il sera fêté. Cependant, des événements en lien avec les reliques des grands saints sont aussi commémorés, ce qui fait qu'un saint peut être fêté à plusieurs dates. Par exemple saint Nicolas, évêque de Myre en Lycie, est fêté le 6 décembre mais aussi le 9 mai, jour de la translation de ses reliques à Bari. Le Prophète et Précurseur Jean le Baptiste est fêté le 24 juin, jour de sa naissance, mais aussi le jour de sa décollation, le 29 août, ou pour l'invention de son Chef, le 24 février, et à d'autres dates encore.
Le Grand schisme de 1054 sépara malheureusement les chrétiens d'Occident et d'Orient. Depuis, les saints ne sont plus tous reconnus de part et d'autre. Mais avant cette date, ils sont communs. La présence en France d'un grand nombre de reliques de saints d'avant le schisme nous rappelle les liens très étroits et anciens tissés entre les chrétiens d'Orient et d'Occident que ces reliques unissaient, par-delà les distances géographiques, dans une même foi. Il en est ainsi de saint Clément, évêque de Rome mort en 101, dont la vie et l'histoire des reliques nous transportent d'Occident en Orient et d'Orient en Occident.
Malgré la présence en France de fidèles orthodoxes en nombre significatif depuis le milieu du XIX° siècle, l'intérêt de ceux-ci pour les reliques ne semble pas s'être manifesté pendant environ un siècle. Les pèlerinages d'orthodoxes sur les reliques en France apparaissent dans les années 9O du XX° siècle. Des opuscules, bien faits mais restreints à quelques lieux emblématiques, furent édités depuis les années 2000 en langue russe à l'usage du pèlerin russe en France et en langue géorgienne pour le pèlerin géorgien.
Nous abordons de notre côté l'étude de la présence en France des reliques des saints orthodoxes, c'est-à-dire: soit des saints reconnus dans le calendrier orthodoxe, soit des saints non reconnus dans le calendrier orthodoxe mais qui, datant du premier millénaire pourraient être reconnus. De grands saints occidentaux ne figurent dans les calendriers orthodoxes par méconnaissance. Mais l'Église n'étant pas un organisme figé, ils peuvent y entrer. Par exemple, l'Église russe inclut récemment clans son calendrier saint Patrick apôtre de l'Irlande, sainte Odile, saint Vincent de Lérins et d'autres. Un travail important de l'autre côté des Pyrénées s'effectue ces dernières années pour faire connaître en Russie les saints de la péninsule ibérique.
Dans notre étude nous nous sommes limités aux saints et aux lieux les plus connus. La France malgré toutes les vicissitudes regorge de reliques. Il était hors de question d'envisager d'être exhaustif. Nous nous bornons à un premier pas modeste sur le chemin de la connaissance des reliques de France. Lorsque nous avons débuté ce travail, celui-ci progressait lentement car il était ardu de trouver les informations qui restaient comme confidentielles. Les années passant, les données devenaient plus accessibles, davantage publiques, ce qui nous a permis de constater le regain de l'intérêt général pour les reliques.
S'imprégner de la vie des saints et partir à la découverte de leurs reliques est une véritable aventure chrétienne. Nous nous proposons de vous en offrir un avant-goût à travers ces notes. Chaque mois, à l'occasion de la fête d'un saint, nous rappelons brièvement les grands traits de sa vie, l'histoire de ses reliques et l'endroit où le pèlerin d'aujourd'hui peut les vénérer. Nous suivons le calendrier de l'année liturgique qui commence en septembre.
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