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mercredi 25 décembre 2024

Petite histoire de la France Orthodoxe

Un article du site Foi orthodoxe remarquablement intéressant, que nous soumettons à nos lecteurs:

Certains ont tendance en Occident à percevoir l’Orthodoxie comme une foi étrangère, grecque ou russe. Pourtant l’histoire de France commence avec l’Orthodoxie !

Saint Irénée de Lyon

En effet l’Église indivise qui s’étendait avant le grand schisme de 1054 partout en Orient comme en Occident est l’Église Orthodoxe. Dès les premiers siècles de l’Église et avant l’avènement du royaume des Francs, la Gaule était déjà un haut lieu de l’Orthodoxie. En son sein naquirent et furent glorifiés des Saints essentiels à notre foi, comme Saint Irénée de Lyon (23 Août), grand évangélisateur qui rappela à l’évêque de Rome les limites de sa juridiction lors de la controverse de Pâques, Saint Jean Cassien (29 Février), grand père de la tradition monacale et hésychaste, ou Saint Vincent de Lérins (24 Mai) qui codifia la méthode qui nous permet de déterminer la vraie foi jusqu’à ce jour.

L’acte de naissance de la France en tant qu’État est bel et bien le baptême de Clovis (496). Qu’en est-il de ce baptême ? La source la plus importante de cette période de l’histoire des francs est sans doute Saint Grégoire de Tours (17 Novembre), il décrit le baptême ainsi :

« Le nouveau Constantin s’avance vers le baptistère, pour s’y faire guérir de la vieille lèpre qui le souillait, et laver dans une eau nouvelle les tâches hideuses de sa vie passée. … Le roi, ayant donc reconnu la toute-puissance de Dieu dans la Trinité, fut baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et oint du saint chrême avec le signe de la croix »

 

Ce baptême se déroula donc selon l’ancienne tradition Orthodoxe dans un baptistère. Notre premier roi fut immergé (sens premier du mot baptême) par trois fois dans l’eau, et non par simple aspersion comme pratiqué par l’Église Romaine moderne pour baptiser les adultes. A noter que l’aspersion est une pratique acceptable selon la didache (premier texte de discipline chrétienne), par mesure d’économie, uniquement dans des situations ou l’immersion n’est pas possible :

« Quant au baptême, baptisez ainsi : après avoir proclamé tout ce qui précède, baptisez au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit dans de l’eau vive (courante).
Mais, si tu n’as pas d’eau vive, baptise dans une autre eau ; si tu ne peux pas (baptiser) dans l’eau froide, que ce soit dans l’eau chaude. Si tu n’as ni l’une ni l’autre (en quantité suffisante), verse trois fois de l’eau sur la tête au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. »

Le Baptême de Clovis, le rois des Francs

Il est aussi à noter que Clovis reçoit l’onction, c’est-à-dire la Chrismation, directement après son Baptême; les deux Sacrements sont prodigués selon la Tradition Orthodoxe lors d’une seule cérémonie, alors que de nos jours dans l’Eglise Romaine ces deux Sacrements sont séparés (parfois de plusieurs années) comme étant le Baptême et la Confirmation.
Clovis Ier est aussi selon Saint Grégoire de Tours comparé à Saint Constantin (21 Mai), grand Saint égal-aux-apôtres qui convertit l’empire romain de la même manière que Clovis converti son peuple Franc. Ce lien très fort marque l’union importante entre les rois Chrétiens et l’Église, unis par des alliances divines différentes mais imbriquées comme le furent le roi David (30 Décembre) et l’Israël biblique. Cette vision est encore présente dans l’Orthodoxie qui accepte parmi les Saints les empereurs et rois pieux qui ont porté la foi juste dans une symphonie avec l’Église. Cette position pourtant traditionnelle et biblique fut beaucoup critiquée par l’Église Romaine tardive qui créa sa propre théocratie dans laquelle l’évêque de Rome quitta son rôle purement spirituel, prit des pouvoirs politiques absolus et s’opposa au pouvoir politique d’autres rois. S’opposant ainsi frontalement à la parole du Christ, qui nous enseigne que le temporel et le spirituel ne peuvent faire un :

Alors il leur dit: Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. (Luc 20:25) 

Cette volonté de Clovis de devenir Chrétien fut pourtant chaudement reçue par les empereurs byzantins qui lui accordèrent à plusieurs reprises le titre hautement honorifique de consul romain. Clovis était en effet le premier des barbares à accepter la foi Orthodoxe de l’Eglise indivise, partagée par l’empire byzantin, plutôt que l’arianisme qui était très populaire parmi les tribus germaniques.

Concile d’Orléans (511)

Le grand Clovis fut Orthodoxe non seulement par son baptême et sa foi, mais aussi par l’ecclésiologie qu’il mit rapidement en place. En 511 Clovis convoqua le Concile d’Orléans, dont le 4ème canon stipule que quiconque veux devenir clerc doit se soumettre à l’approbation du roi. Ainsi le roi exerce un contrôle limité mais bien réel sur l’Église de son pays. Cette vision est totalement cohérente avec l’idée d’autocéphalie de l’Église Orthodoxe dans les divers États mais bien contraire à l’absolutisme papal tardif.

L’Orthodoxie française s’est vue par la suite malmenée par l’influence grandissante des Carolingiens sur l’Occident. D’abord la donation de Pépin (754) installa une théocratie à Rome dans l’espoir d’influencer l’Église. Les efforts de Pépin le bref furent suivis par ceux de son fils Charlemagne qui, s’opposant au pape Orthodoxe Léon III, réunit le Concile d’Aix-La-Chapelle qui tenta de modifier le crédo en incluant la mention de la double procession du Saint Esprit par le Père et le Fils: le Filioque. C’est aussi par l’hérésie des briseurs d’images que Charlemagne s’illustra: pour briguer le titre impérial byzantin il s’opposa au pape au sujet de la crise iconoclaste. Rome accepta le 7ème concile oecuménique mais, selon Théodulphe d’Orléans les francs le refusèrent.

La période carolingienne marque donc une crise dans l’orthodoxie occidentale et met en place des éléments qui causeront par la suite le grand schisme de 1054. Les idées étrangères à la sainte Tradition comme le pouvoir absolu du pape de Rome et l’existence du purgatoire, le Filioque commencent à s’insinuer de plus en plus dans l’imaginaire des chrétiens en Occident.

L’étude de l’histoire de la foi française à partir de cet événement ne concerne plus l’orthodoxie dans son sens théologique, en effet la France a, à partir de ce moment et peut être malgré elle, suivi le patriarcat romain dans l’hérésie. Cependant, concernant l’organisation politique de l’Église en France et du rapport puissant entre la foi, le roi et le peuple, cela nous montre que la France n’a jamais abandonné l’idée d’autocéphalie, purement Orthodoxe et condamnée par la suite par la papauté. L’autocéphalie : l’idée, selon laquelle toutes les Eglises locales formant toutes le Corps du Christ sont égales en pouvoir et peuvent exercer leur autorité dans les cadres de leur frontières canoniques bien définies durant les Conciles Œcuméniques.

On peut le voir dans le développement des rapports entre Rome et la France suite à la chute de l’Empire Carolingien. Renforcé politiquement par le schisme romain, le pape Grégoire VII commença à s’arroger le pouvoir de destituer les empereurs, notamment en forçant l’empereur germanique Henri IV  lors de la pénitence de Cannossa en 1077. La Francie occidentale qui deviendra la France fit quant à elle le choix de la centralisation grandissante et de l’unité autour du roi plutôt que du pape. Suivant la tradition établie par Clovis, le couronnement du roi est effectué par l’évêque de Reims qui est sujet du roi, ainsi la légitimité de nos rois ne fut pas donnée ou déniée au gré de l’humeur d’un pontife étranger mais bien glorifiée dans une reconnaissance de l’alliance entre le trône de France et de l’Église locale.

La période séparant le moyen-âge et la renaissance est une belle démonstration de la volonté française d’autocéphalie, et d’une foi s’opposant à l’hérésie du pouvoir papal absolu. 
Durant cette période 16 rois capétiens furent excommuniés ou frappés d’interdit, certaines fois le royaume lui même subissait l’interdit ecclésiastique: le pape refusait alors que tout office soit dispensé dans le pays tout entier, condamnant ainsi le peuple français à souffrir de péchés sans pouvoir les remettre et damnant des âmes au nom seul de son pouvoir politique.
Le fameux Saint Louis, pourtant saint dans l’Église romaine refusa d’offrir l’exil au pape.
Le roi Philippe le Bel s’opposa directement à la bulle pontificale unam sanctam qui déclare qu’« Il est de nécessité de salut de croire que toute créature humaine est soumise au pontife romain : nous le déclarons, l’énonçons et le définissons. » en envoyant Guillaume de Nogaret capturer et tenter de soumettre le pontife en 1303.
Le Roi Charles VI ne démérita pas non plus face au pontife et ses à prétentions: d’après le témoignage du cardinal d’Ailly devant l’assemblée du clergé français en 1406, le message du roi Charles VI au pape était conçu en termes très durs et très peu ménagés : « qu’il se révosquast (abdique) ou qu’il le ferait ardre (brûler) » (Du Chastenet, Nouvelle Histoire du Concile de Constance, Paris 1718)

La France n’était pas seule à s’opposer à la tyrannie du pape, le protestantisme et l’anglicanisme, bien qu’hérétiques du point de vue Orthodoxe, furent utilisés par les monarques allemands et anglais comme un moyen de défendre leur autonomie politique.
La méthode française consistant à affirmer la souveraineté de la nation et du roi est à cette époque le Gallicanisme: une doctrine religieuse qui définit le roi comme lieutenant de Dieu, là où le pontife n’est que son vicaire. Cette méthode s’oppose donc à la suprématie pontificale sans pour autant briser la communion avec l’évêque de Rome. 
Cette vision s’exprima tout particulièrement dans la figure de Louis XIV, le Roi Soleil.

Ce ne fut qu’en 1870 suite au concile de Vatican I que le gallicanisme fut officiellement condamné comme une hérésie.
Ce fut donc le pape Pie IX qui réalisa en un coup de plume le rêve le plus fou des révolutionnaires : décapiter rétroactivement tous les rois de France, détruire la légitimité du royaume millénaire et son histoire chrétienne; histoire Orthodoxe puis gallicane, maintenant hérétique….

abbée Wladimir Guettée

Le Concile et la crise gallicane qui l’a précédé créèrent un tollé dans le monde catholique, entraînant de nombreux fidèles et clercs vers le vieux-catholicisme, et certains autres vers la foi apostolique première : comme L’Abbé Wladimir Guéttée qui deviendra Orthodoxe.
La théologie du concile affirme également qu’une soumission absolue à de nombreuses déclarations pontificales est maintenant exigée des fidèles sous peine de perdre le salut :

« Les pasteurs de tout rang et de tout rite et les fidèles, chacun séparément ou tous ensemble, sont tenus au devoir de subordination hiérarchique et de vraie obéissance, non seulement dans les questions qui concernent la foi et les mœurs, mais aussi dans celles qui touchent à la discipline et au gouvernement de l’Église répandue dans le monde entier. […] Telle est la doctrine de la vérité catholique, dont personne ne peut s’écarter sans danger pour sa foi et son salut. »

(Constitution Dogmatique Pastor Aeternus 1870 concile Vatican I)

Après des centaines d’années de confrontation entre le peuple français et les autorités pontificales durant lesquelles la foi et la ferveur furent les premières victimes, cette déclaration absolutiste et hostile hâta le gouvernement français à prononcer la séparation totale de l’Église et de l’État en 1905.

Qu’en est-il alors de l’expression consacrée « la France fille aînée de l’Église »?
Elle est en fait très tardive. Sa première utilisation date de 1836 par Frédéric Ozanam, un universitaire et activiste jugé par les historiens comme proto-socialiste et précurseur des mouvements catholiques laïcs. Il prend aussi position pour une Église dont les chefs seraient plus des pasteurs que des princes temporels. Tout ceci à l’époque où le pape cherche à affirmer sa légitimité souveraine sur les états pontificaux.
Il en est de même pour l’idole nationaliste qu’est Jeanne d’Arc. Condamnée par le clergé de Paris et laissée dans l’indifférence générale pendant des siècles, jusqu’à ce que les communistes de Maurice Thorez commencent à l’utiliser comme icône anti-cléricale et féministe. Sa canonisation ne fût déclarée qu’en 1920 pour satisfaire certaines branches réactionnaires et pour artificiellement pousser l’icône communiste vers une autre forme d’instrumentalisation.

De nos jours la papauté ne cherche plus à s’attaquer violemment aux nations comme dans le passé mais elle reste néanmoins leur ennemie en cherchant à les dissoudre par la promotion de la vision globaliste.

En synthèse, la France éternelle commence son histoire dans la plus pure Orthodoxie, et qu’elle fut malgré-elle poussée dans les erreurs du patriarcat romain tardif, son organisation reste tout de même marquée par l’Orthodoxie. Cette vision très française de l’indépendance de la nation dans la foi a toujours été embrassée, et glorifiée par la suite de son histoire lorsque des mouvements comme ceux de l’Abbée Guéttée, qui continuent jusque nos jours, ont embrassé la foi originelle. Elle fut malmenée puis abandonnée par Rome pour finir poussée dans l’athéisme et au plus loin du Christ.
Bien que l’Orthodoxie française contemporaine soit introduite en majorité par des diasporas, elle a une réelle légitimité réelle sur ce territoire qui fût consacré par le baptême Orthodoxe de Clovis.
Il est du devoir des Orthodoxes français de faire revivre le culte des saints locaux et oubliés ainsi que d’aider nos frères orientaux comme occidentaux à se rapprocher de notre spiritualité ancestrale.
Enfin la survie d’une France Chrétienne passe par l’Orthodoxie, par une Chrétienté forte et traditionnelle, indépendante des flux et des reflux de l’étranger grâce à une autocéphalie nationale en communion avec l’Orthodoxie mondiale.

Saint patrons Orthodoxe de France : Saint Michel, Saint Denis, Sainte Geneviève, Saint Rémi, Sainte Clotilde, Sainte Odile. Priez pour vos enfants et pour l’avenir de notre pays. 

Seigneur Jésus Christ aie pitié de nous, pécheurs.

Source : Foi orthodoxe

samedi 24 décembre 2022

Baptême de Clovis


Baptême de Clovis roi des Francs, par saint Rémi de Reims à la veille de Noël 496.

Converti à la foi chrétienne orthodoxe par la foi vivante de son épouse sainte Clothilde, il sera catéchisé, baptisé et chrismé par saint Rémi évêque de Reims. Rejetant ainsi le paganisme et l'hérésie arienne, il assurera ainsi par sa conversion la continuité de l'Eglise orthodoxe, de la Gaule romaine à la France.

Récit de sa conversion par saint Grégoire de Tours, dans Histoire des Francs :

 XXX. La reine [Clothilde] ne cessait de prêcher pour qu’il reconnaisse le vrai dieu et abandonne les idoles ; mais elle ne put en aucune manière l’entraîner dans cette croyance jusqu’au jour enfin où la guerre fut déclenchée contre les Alamans, guerre au cours de laquelle il fut poussé par la nécessité à confesser ce qu’il avait auparavant refusé de faire volontairement. Il arriva en effet, que le conflit des deux armées dégénéra en un violent massacre et que l’armée de Clovis fut sur le point d’être complètement exterminée. Ce que voyant, il éleva les yeux au ciel, et, le cœur rempli de componction, ému jusqu’aux larmes, il dit : « Ô Jésus-Christ, que Clothide proclame fils de Dieu vivant, toi qui donnes une aide à ceux qui peinent et qui attribues la victoire à ceux qui espèrent en toi, je sollicite dévotement la gloire de ton assistance ; si tu m’accordes la victoire sur ces ennemis et si j’expérimente la vertu miraculeuse que le peuple voue en à ton nom déclare avoir prouvé qu’elle venait de toi, je croirai en toi et je me ferai baptiser en ton nom. J’ai, en effet, invoqué mes dieux mais, comme j’en ai fait l’expérience, ils se sont abstenus de m’aider ; je crois donc qu’ils ne sont doués d’aucune puissance, eux qui ne viennent pas au secours de leurs serviteurs. C’est toi que j’invoque maintenant, c’est en toi que je désire croire, pourvu que je sois arraché à mes adversaires ». Comme il disait ses mots, les Alamans tournant le dos commencèrent à prendre la fuite. Lorsqu’ils virent leur roi tué, ils firent leur soumission à Clovis disant : « Ne laisse pas, de grâce, périr davantage le peuple, nous sommes à toi désormais ». Et lui, ayant ainsi arrêté la guerre et harangué son peuple, la paix faite, rentra et raconta à la reine comment, en invoquant le nom du Christ, il avait mérité la victoire. Ceci s’accomplit la quinzième année de son règne [496]

XXXI. Alors la reine fait venir en cachette saint Rémi, évêque de la ville de Reims, le priant de faire croître chez le roi « la parole du salut ». Le pontife l’ayant fait venir en secret, commence à faire naître en lui qu’il devait croire au vrai Dieu, créateur du ciel et de la terre et abandonner les idoles, qui ne peuvent être utiles ni à lui, ni aux autres. Mais ce dernier dit : « Je t’ai écouté volontiers, très saint Père, toutefois, il reste une chose ; c’est que le peuple qui me suit ne veut pas délaisser ses dieux ; mais je vais l’entretenir conformément à ta parole ». Il se rendit donc au milieu des siens, et, avant même qu’il eût pris la parole, la puissance de Dieu l’ayant devancé, tout le peuple s’écria en même temps : « Les dieux mortels nous les rejetons, pieux roi, et c’est Dieu immortel que prêche Rémi que nous sommes prêts à suivre ». Ces nouvelles sont portées au prélat qui, rempli d’une grande joie, fit préparer la piscine. Les rues sont ombragées de tentures de couleur, les églises ornées de courtines blanches ; le baptistère apprêté, des parfums sont répandus, des cierges odoriférants brillent ; tout le temple du baptistère est imprégné d’une odeur divine et Dieu y comble les assistants d’une telle grâce qu’ils se croient transportés au milieu des parfums du paradis. Ce fut le roi, qui, le premier, demanda à être baptisé par le pontife. Il s’avance, nouveau Constantin, vers la piscine, pour effacer la maladie d’une vielle lèpre et pour effacer avec une eau fraîche les sordides taches anciennement acquises. Lorsqu’il fut entré pour le baptême, le saint de Dieu l’interpella d’une voix éloquente en ces termes : « Dépose humblement tes colliers, ô Sicambre, adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré ». […] Ainsi donc, le roi, ayant confessé le Dieu tout puissant dans sa Trinité, fut baptisé au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit et oint du saint chrême avec le signe de la croix du Christ. Plus de trois mille hommes de son armée furent également baptisés.”

Grégoire de Tours, Historia Francorum, II, MGH. SS. RM, éd. B. Krusch, I, Hanovre, 1885, p. 91-93 ; éd. 1951, p. 75-78.

lundi 18 février 2019

La christianisation de la France (du IIe au VIIIe siècle)



La christianisation de la France (IIe - VIIIe siècle) de Pierre Pierrard, Desclée de Brouwer, 1994.
Cette ouvrage qui aurait très bien pu s'appeler la christianisation de la Gaule IIe-VIIe siècle, s'arrête à la fin du VIIe siècle juste avant l'avènement de Charlemagne. Il se veut un essai critique sur la réalité de cette christianisation : lente, citadine avant d’essaimer dans un monde rural où les survivance païenne persisteront encore longtemps, méditerranéenne avant de gagner l'ouest, puis le nord de la Gaule, contrairement au pieuse légende qui fait remonter l'arrivée de l’Évangile en Gaule à l'entourage de Jésus et son évangélisation à des évêques venu de Rome.
"Le livre de Pierre Pierrard permet à chacun de se faire une idée juste de l'arrivée du christianisme en Gaule et des conditions historiques de son assimilation."
En tant que lecteur orthodoxe outre deux ou trois confusion de l'auteur entre christianisme et catholicisme, ce livre retrace très clairement la période orthodoxe du christianisme en Gaule, jusqu'au début de son déclin, qui commença au milieu VIIe siècle suite à la mort du roi Dagobert (639) qui entraînera le royaume dans une crise politique qui engendrera une décadence culturelle et morale. Celle-ci aboutera à partir des carolingiens à la société médiévale et aux prémices de ce qui deviendra le catholicisme.
Un livre riche en information et en réflexion sur l'histoire du christianisme orthodoxe en Gaule.

dimanche 11 mars 2018

Conférence : “Saint Germain de Paris. La foi chrétienne en Gaule à l’époque mérovingienne”




Le mercredi 14 mars à 20 h 30,  le père Noël Tanazacq a donner une conférence intitulé “Saint Germain de Paris La foi chrétienne en Gaule à l’époque mérovingienne”.
Le  Noël Tanazacq est recteur de la paroisse orthodoxe Sainte-Geneviève-et-saint-Martin à Joinville-le-Pont, conseiller de la Métropole roumaine pour les questions liturgiques, est historien de formation, spécialement versé dans l’histoire du christianisme des premiers siècles.

Mercredi 14 mars, à partie de 20 h 30;
Lieu: Paroisse orthodoxe Saint-Germain-et-saint-Cloud,
          Le Tilleul, 21 rue de Montbuisson,
           78430 Louveciennes

samedi 4 novembre 2017

L’orthodoxie en France : histoire et situation présente

Cathédrale de la Ste Trinité

L’orthodoxie en France : histoire et situation présente

    L’actualité récente a rapporté des événements importants concernant le christianisme orthodoxe (note en fin de texte) en France : l’inauguration en deux temps, à l’automne dernier, du centre spirituel et culturel orthodoxe russe à Paris, celle du centre spirituel et culturel orthodoxe russe à Strasbourg, le 19 mai, la Journée de l’orthodoxie, le 5 juin à Paris ; dans un avenir proche, en 2018, se tiendront le 3e Salon du livre orthodoxe, à Paris, et, dans le sud-est de la France, le XVIe Congrès orthodoxe d’Europe occidentale. Avec la parution de l’Annuaire 2017 de l’Église orthodoxe, c’est l’occasion de revenir sur les deux siècles d’histoire de l’orthodoxie en France et d’évoquer sa situation présente.

Il y a deux siècles

Aux époques moderne et contemporaine, jusqu’au XIXe siècle, les célébrations orthodoxes en France furent exceptionnelles, à l’occasion du déplacement d’un souverain, comme lors du séjour du tsar Alexandre 1er à Paris en 1814, ou dans le cadre de l’ambassade de Russie au XVIIIe siècle. Une communauté grecque s’est installée en Corse au XVIIe siècle, puis s’est fixée à Cargèse au XVIIIe siècle où elle a édifié l’église Saint-Spiridon au siècle suivant. Le rite orthodoxe y est toujours célébré, mais la communauté a été rattachée à l’Église catholique.

C’est en 1816, qu’un lieu de culte, de tradition orthodoxe russe, est ouvert durablement à Paris, rue de Berri, dans le 8e arrondissement. Peu après, en 1821, à Marseille, une chapelle orthodoxe est ouverte pour la communauté grecque de la cité phocéenne. Toujours à Marseille, en 1834, une première église orthodoxe grecque, dédiée à la Dormition de la Mère de Dieu, est construite, puis reconstruite en 1845.

La deuxième moitié du XIXe siècle voit la construction de plusieurs églises, essentiellement à Paris et sur la Côte d’Azur où l’aristocratie russe séjournait volontiers, tout d’abord à Nice en 1859, l’église Saint-Nicolas-et-Sainte-Alexandra. Elle fut suivi par l’édification de la cathédrale Saint-Alexandre-Nevsky à Paris, rue Daru dans le 8e arrondissement, terminée en 1861. D’autres constructions suivirent, en majorité russes : à Pau (1867), à Menton et à Biarritz (1892), à Cannes (1894), puis la cathédrale Saint-Nicolas à Nice en 1912. La communauté orthodoxe roumaine à Paris ouvre une première paroisse en 1853, puis acquiert en 1882 une église rue Jean-de-Beauvais dans le Quartier latin, laquelle fut consacrée en 1892 aux Saints-Archanges. Les orthodoxes grecs font bâtir à Paris, en 1895, la cathédrale Saint-Étienne, rue Bizet dans le 16e arrondissement.

Un développement rapide au XXe siècle

Mais ce sont les migrations du XXe siècle, provoquées par les aléas de l’histoire et des évènements tragiques, qui amènent un enracinement durable et une diffusion de l’orthodoxie en France. C’est d’abord l’émigration russe, après la Révolution de 1917, qui constitue longtemps le plus grand nombre d’orthodoxes. On estime qu’environ 200 000 réfugiés se sont établis en France et l’on compte jusqu’à 200 lieux de culte de tradition russe ouverts, une partie notable provisoirement, durant la période de l’Entre-deux-guerres. S’y ajoute l’émigration grecque, notamment de l’Asie Mineure et du Pont-Euxin dans les années 1920, ainsi qu’une petite communauté géorgienne qui s’installe aussi à la même période à Paris, puis, après la Seconde Guerre mondiale, des nouveaux-venus viennent des Balkans, notamment de Yougoslavie et de Roumanie. Durant les années 1980 un nouveau courant venant du Proche-Orient, principalement du Liban, amène de nouveaux orthodoxes rattachés au Patriarcat d’Antioche.

Un rayonnement théologique et intellectuel mondial

Cette émigration apporte avec elle un enrichissement culturel considérable pour la France, on le connait dans le domaine artistique, mais l’apport est aussi philosophique, avec Nicolas Berdiaev par exemple et son influence sur le personnalisme, mais également théologique avec des retombées œcuméniques. L’Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge à Paris, fondé en 1925, au sein de l’Archevêché russe, le premier établissement d’enseignement orthodoxe en Europe occidentale, a un rayonnement à l’échelle mondiale au sein de l’orthodoxie, celui-ci s’étend même par-delà les frontières du christianisme orthodoxe. C’est ce que l’on a appelé « l’Ecole de Paris », avec les remarquables figures, entre autres, des pères Serge Boulgakov, Nicolas Afanassiev, Georges Florovsky, Alexandre Schmemann, Jean Meyendorff, mais aussi de Paul Evdokimov et d’Olivier Clément, ou encore, en-dehors de l’Institut Saint-Serge, de Vladimir Lossky et de Léonide Ouspensky. Toutes ces personnes ont œuvré en France à une redécouverte des racines de l’orthodoxie. De nombreux ouvrages ont été publiés, notamment en français. Un héritage prestigieux qui est devenu aujourd’hui universel.

Cette dynamique a favorisé les relations œcuméniques et de nombreux échanges avec les catholiques et les protestants qui découvrent les icônes et les traditions vocales orthodoxes, polyphoniques et monodiques. C’est ainsi que Paul Evdokimov et le père Nicolas Afanassiev furent des observateurs invités au concile de Vatican II, et qu’en 1998, Olivier Clément a écrit la méditation pour le chemin de croix du vendredi saint effectué par le pape à Rome.

Des saints qui illustrent un rayonnement également spirituel

Mère Marie Skobtsov (1891-1945)
Cet enracinement a aussi produit de beaux fruits dans l’ordre de la sainteté. Plusieurs figures orthodoxes ayant vécu en France ont été canonisées, tandis que d’autres ont laissé un souvenir de très grande spiritualité, voire de sainteté. C’est ainsi qu’en 2004, le Patriarcat de Constantinople a canonisé Mère Marie Skobtsov, son fils Georges, le père Dimitri Klépinine, Ilya Fondaminsky, tous les quatre morts en déportation lors de la Seconde Guerre mondiale, ainsi que le père Alexis Medvedkov, prêtre à Ugine, en Savoie, jusqu’à son décès en 1934, dont la dépouille fut retrouvée incorrompue 22 ans plus tard. D’autres saints ont séjourné quelques années en France, comme le père Grégoire Péradzé, premier prêtre de la paroisse géorgienne Sainte-Nino à Paris, de 1931 à 1939, qui meurt fin 1942 à Auschwitz, qui a été canonisé par les Églises de Géorgie et de Pologne ; c’est aussi le cas de saint Jean (Maximovitch) de Shanghai et de San Francisco, archevêque russe, connu pour ses dons dont celui de thaumaturge, qui demeura en France dans les années cinquante. En 2017, l’Église orthodoxe serbe a canonisé Jacques de Tuman, qui vécut en France où il obtint deux doctorats, l’un à Paris, l’autre à Montpellier, puis devint moine dans les années 1930 en Serbie où il mourut en 1946 des suites de violences qui lui furent infligées notamment de la part de communistes. De nombreuses figures orthodoxes de grande spiritualité ont aussi vécu en France, comme l’archimandrite Sophrony (Sakharov), disciple de saint Silouane de l’Athos, qui séjourna à Paris de 1922 à 1925, puis se rendit au Mont-Athos où il devint moine ; en 1947, il revint en France, d’où il partit en 1959 pour fonder un monastère à Maldon en Angleterre.

Parmi ces figures, le parcours et la personnalité marquante de Mère Marie Skobtsov ont touché de très nombreuses personnes de différentes confessions et par-delà des non croyants. Née en 1891 dans une famille aristocratique, elle devient lors de la Révolution de 1917, la première femme maire d’une ville en Russie. Mais opposante au régime, elle se retrouve sur les routes de l’Europe avec son second mari et ses enfants. Elle arrive finalement à Paris en 1923. Différents évènements et sa foi l’amènent à devenir moniale en 1932 sous le nom de Mère Marie. Elle choisit de rester à Paris pour y exercer une action caritative envers les démunis de l’émigration russe. C’est ainsi qu’elle crée en 1935 un foyer au 77 rue de Lourmel dans le 15e. C’est aussi un centre religieux, une petite église y est construite, et intellectuel. Mère Marie nourrit, écrit, brode, dessine. Lors de la Seconde Guerre mondiale, le centre aide les réfugiés et les persécutés. En juillet 1942, Mère Marie parvient à sauver des enfants du Vélodrome d’hiver. Toutes ces actions lui vaudront, bien des années après, le titre de « Juste parmi les nations » décerné par le  mémorial Yad Vashem. En 1943, suite à une dénonciation, elle est arrêtée et déportée au camp de Ravensbrück. Là, elle est au cœur d’un groupe de prière dans lequel se trouve notamment Geneviève de Gaulle-Anthonioz. Mère Marie soutient, réconforte, prie. Mais le vendredi saint de l’année 1945, le 31 mars, elle est gazée, peut-être en prenant la place d’une autre personne. Le 31 mars 2016, la mairie de Paris a inauguré une rue à son nom dans le 15e arrondissement, ainsi la mémoire de l’émigration russe, de sa foi, de son rayonnement et de ses sacrifices, à travers la vie de Mère Marie Skobtsov, est publiquement reconnue et inscrite dans la géographie de la capitale française.


Naissance et développement de l’orthodoxie francophone

L’orthodoxie en France manifeste la diversité de ses origines, même si la tradition russe est prédominante. Si la foi est la même, si les offices religieux sont les mêmes, si le cycle liturgique est le même, il existe par contre des usages différents qui jouent sur des détails et des traditions chorales distinctes allant des polyphonies russes et ses nombreuses écoles aux monodies byzantines, orientales et arabes, en passant par des intermédiaires balkaniques, jusqu’à des traditions particulières comme le chant géorgien.

Elle s’est acclimatée au pays et à la langue. Les textes ont été traduits, à plusieurs reprises, afin d’être compris par les générations nées en France et par les Français qui sont devenus orthodoxes. Un énorme travail a été accompli et se poursuit pour l’adaptation du chant liturgique, de nombreuses personnes, citons juste Maxime Kovalevsky, y investirent leurs compétences. La première paroisse francophone fut créée en 1928. Son premier recteur était le père Lev Gillet, qui signait ses ouvrages « un moine de l’Eglise d’Orient ». Parmi les fidèles se trouvaient Paul Evdokimov, Evgraph et Maxime Kovalevsky, Vladimir Lossky, Elisabeth Behr-Sigel, qui vient du protestantisme où elle fut quelques temps pasteur. Le nombre des paroisses francophones augmentent doucement après la Seconde Guerre mondiale, elles forment le plus grand nombre aujourd’hui, tandis que l’on rencontre le bilinguisme dans d’autres, un bon nombre également, alors que d’autres encore maintiennent la langue de la tradition d’origine. Il existe aussi quelques groupes non-canoniques, c’est-à-dire non reconnus par les Eglises orthodoxes historiques dans le monde, qui se réclament de l’orthodoxie.

Dans le même temps, les différentes juridictions canoniques présentent en France mettent en place une instance de coopération et de représentation à l’échelle nationale. En 1967 est fondé le Comité inter-épiscopal orthodoxe qui devient, en 1997, l’Assemblée des évêques orthodoxes de France, laquelle est présidée par le métropolite à la tête de la Métropole grecque qui relève du Patriarcat œcuménique de Constantinople.

La situation actuelle : une croissance qui se poursuit

L’effondrement du communisme en Europe de l’Est au début des années 1990 bouleverse et dynamise aussi le monde orthodoxe, dont la France. Les frontières s’ouvrent et un nombre important de personnes originaires de pays de tradition orthodoxe dans la partie orientale de l’Europe, notamment de Roumanie, de Moldavie, d’Ukraine, de Russie, de Bulgarie, viennent s’installer de manière temporaire ou définitive en Europe occidentale. Cette évolution de la situation suscite de nouveaux défis : l’encadrement pastoral, la formation de nouvelles paroisses, l’adaptation des paroisses existantes à une nouvelle donne sociologique très diversifiée, les questions caritatives et plus simplement d’assistance liées à une intégration dans le pays, parfois compliquée, en sachant que la plupart des clercs et des fidèles actifs dans les paroisses orthodoxes sont des bénévoles. D’autres questions se posent, comme celle de la langue, mais aussi des relations entre les paroisses dont les membres ont des origines géographiques et culturelles différentes.

Cette croissance se traduit par la construction d’églises ou l’achat de chapelles ou d’églises non utilisées par les catholiques. En outre, deux nouveaux centres d’enseignement ont été fondés : le Séminaire orthodoxe russe en France, en 2009, par le Patriarcat de Moscou, le Centre Dumitru Staniloae, inauguré la même année au sein de la Métropole roumaine.

Vers un doublement du nombre des lieux de culte en une génération ?

Les conséquences les plus visibles de cet essor sont l’augmentation du nombre des fidèles et de celui des lieux de culte en France. Au début des années 2000, on comptait environ 160 paroisses et lieux monastiques. Le nombre s’est accru rapidement. Selon l’Annuaire de l’Église orthodoxe publié en 2017, on recense actuellement 278 lieux de culte, monastères inclus (une vingtaine), ils étaient 238 en 2010. A ce rythme, on est fondé à estimer qu’en une génération, depuis le début du présent siècle, le nombre des lieux de célébration orthodoxe doublera, peut-être même largement. Le nombre des évêques (10), ainsi que des prêtres et des diacres (330 pour les deux) a lui aussi augmenté. La juridiction ayant aujourd’hui le plus grand nombre de paroisses est la Métropole roumaine (91).

La question du nombre des croyants est très discutée. Le chiffre de 200 000 était avancé jusque dans les années 1990 pour la France. Il est incontestablement supérieur aujourd’hui. L’Annuaire 2017 pose celui de 500 000. Dernièrement, un article du quotidien La Croix mentionnait même 700 000 orthodoxes. Bien sûr, comme dans toutes les confessions, tout dépend des critères de ce que l’on nomme un croyant. Si l’on recense juste ceux qui se rendent régulièrement à une célébration religieuse, ils sont moins nombreux, sans doute plusieurs dizaines de milliers. Ensuite, s’y ajoutent ceux qui y viennent occasionnellement, ou exceptionnellement, mais qui se considèrent orthodoxes, d’autres encore fréquentent l’Église surtout, voire uniquement, dans leur pays d’origine où le lien avec celle-ci est vivace pour la grande majorité de la population comme en Roumanie (plus de 80%), d’autres enfin sont baptisés, en France ou ailleurs, et ne fréquentent pas l’Église et ses offices ou très rarement. C’est pourquoi, en prenant l’acception du mot orthodoxe au sens le plus large, le chiffre de 500 000 est un ordre de grandeur pertinent.

Une intégration à la société française

Arrivée avec des personnes de nationalités étrangères, l’orthodoxie s’est acclimatée et intégrée peu à peu à la société française. Bien que discrète, sa présence s’est solidement établie et son rayonnement est incontestable, l’intérêt pour l’iconographie, le chant orthodoxe et plus généralement pour les différents aspects de sa tradition ainsi que pour sa pratique liturgique, en témoignent.

Elle est aussi présente dans les médias : pour la télévision, Orthodoxie, émission mensuelle sur France 2, existe depuis 1963, L’orthodoxie, ici et maintenant, émission mensuelle sur KTO a été lancée en 2012; à la radio, sur France-Culture, Orthodoxie, est diffusée depuis 1964, au rythme bimensuelle, sur Radio-Notre-Dame, Lumière de l’orthodoxie, propose son rendez-vous hebdomadaire depuis 2012, les radios locales du réseau RCF diffusent aussi des émissions orthodoxe ; sur l’Internet, depuis 2005, le site d’information sur l’actualité de l’orthodoxie en France et dans le monde, avec une mise à jour quotidienne, Orthodoxie.com, est le premier site orthodoxe francophone.

Aujourd’hui, les défis concernent la poursuite de l’enracinement local et de la coopération entre les différentes paroisses et diocèses, l’intensification du dialogue avec les autres confessions chrétiennes ainsi que les différentes traditions religieuses, mais aussi avec l’ensemble de la société. Une histoire déjà longue et riche donc, qui se poursuit et continue ainsi d’apporter, à la France, la voix particulière d’une tradition plurimillénaire.


R.P. Christophe Levalois Orthodoxie.com


Note: Par orthodoxe, il faut entendre les Églises orthodoxes chalcédoniennes (qui ont accepté les décisions du IVe concile œcuménique de Chalcédoine en 451), qui sont quatorze à être autocéphales, c’est-à-dire pleinement indépendantes tout en étant en communion, dans le monde. On y adjoint parfois, à tort, les Églises dites orthodoxes orientales, ou préchalcédoniennes, comme les Églises arménienne, copte, éthiopienne et syriaque, qui ne sont pas en communion avec les Églises orthodoxes chalcédoniennes.

dimanche 23 avril 2017

Pâques orthodoxe et hommage à Louis XVI - Paris 1814

Gravure de tiré de Un précurseur - Wladimir Guettée de JP Besse.

 
Tiré du livre Saint-Alexandre-sur-Seine: l'église russe de Paris et ses fidèles, des origines à 1917; éd. Cerf ; par Nicolas Ross; p.54-56.

Tsar Alexandre Ier

samedi 19 novembre 2016

Une interview de l'archiprêtre Serge Model

Nous publierons ici pour nos lecteurs dans les semaines et mois à venir, une série d'interview réalisé par Tudor Petcu, que nous remercions pour cette généreuse collaboration.

La première que nous publions en exclusivité, est celle de l'archiprêtre Serge Model réalisée en Juin 2016.

Bonne lecture.


jeudi 14 juillet 2016

Les origines chrétiennes de la France, Archimandrite Placide Deseille

Les origines chrétiennes de la France, Archimandrite Placide Deseille, Ed. Monastère St-Antoine-le-Grand - Monastère de Solan, 26 pages.

Perséverer dans la voie du reniement des racines chrétiennes de la France et de l'Europe, prétendre "construire" celle-ci sur cette base, serait une attitude suicidaire dont les conséquences néfastes seraient incalculables. En revanche, une France fidèle à ces racines chrétiennes n'en jouerait que mieux en Europe et dans le monde le rôle qui est le sien, parce que les valeurs qu'elle devrait représenter et promouvoir au sein du concert des peuples retrouveraient leur fondement et leurs garanties, - animée par l'amour véritable du prochain, et non par un esprit de revendication et de haine des classes, une culture authentique, enracinée dans tout le patrimoine constitué au long des siècles, ennoblissante pour l'homme et ouverte à l'universel. 

1. L’époque Gallo-romaine
Le contexte historique
La première évangélisation de la Gaule
L’évangélisation asiate (vers 160)
L’évangélisation romaine (vers 250)
Après la paix de l’Église (IVe siècle). L’organisation de l’Église en Gaule
Le Ve siècle. Lérins et les moines-évêques

2. La période mérovingienne
La fin du Ve siècle et le VIe. L’ « hagiocratie » mérovingienne
Le rayonnement du monachisme colombanien (590-v.700)
La fidélité aux racines chrétiennes de la France

Disponible dans les libraires du monastère de saint-Antoine le grand, de Solan et de la Transfiguration.

samedi 6 juin 2015

Quelques repères chronologiques de la présence orthodoxe en France au second millénaire

1401 : L'Empereur romain ("byzantin") Manuel II Paléologue séjourne pendant un an à Paris lors d'une tournée occidentale cherchant des renforts contre les Ottomans. Il fait célébrer à la Sainte Chapelle la liturgie orthodoxe. Il écrit durant son séjour un gros volume sur La procession du Saint Esprit en réponse à un article d'un docteur de la Sorbonne sur le bien-fondé du Filioque.

1727 : première mention d'un prêtre orthodoxe à Paris, détaché auprès de l'ambassade de Russie.

1814 : Les troupes russes entre dans Paris quelques jours avant Pâques. Et le Dimanche 10 Avril, jour de Pâques (catholique-romain et orthodoxe cette année là) le Tsar Alexandre Ier fait célébrer Place de la Concorde à Paris un office de Te Deum à la mémoire du roi Louis XVI

1816 : une chapelle fonctionne depuis 1757 à l'ambassade russe à Paris, dont l'ambassadeur a demandé un prêtre permanent en 1738, desservant les fidèles orthodoxes de la capitale.
Une église dédiée à St Pierre et Paul fut d’abord créée dans des locaux loués (rue de Mesley puis rue de Berri) qui à l’évidence étaient trop exigus pour contenir tous les orthodoxes désireux de la fréquenter, la nécessité de disposer d’une église plus vaste située dans un bâtiment indépendant devenait criante.

1820 : première paroisse grecque, à Marseille ; inaugurée en 1845, l'église de la Dormition-de-la-Mère-de-Dieu sera le premier bâtiment cultuel orthodoxe construit en France.
Eglise orthodoxe grec à Marseille

1853 : première chapelle roumaine à Paris, située au 22 rue Racine.

1859 : consécration de l'église Saint-Nicolas-sainte-Alexandra à Nice (rue Longchamp), la première église russe en France.
Nice, église st-Nicolas-ste-Alexandra

1861 : - (11 Septembre) consécration de la cathédrale russe Saint Alexandre Nevsky, rue Daru, à Paris. Cette église était destiné non seulement aux russes mais à toutes la communauté orthodoxe. Elle fut financée par les dons des orthodoxes de Paris, russes, français, serbes, grecs ; de Russie de Nijni Novgorod au Tsar Alexandre II lui-même sur sa cassette personnelle. Chacun contribue suivant ses moyens, 20 centimes pour un étudiant grec de la Sorbonne jusqu’à 100 000 francs pour un mécène grec. Aux orthodoxes se joignent des catholiques et des protestants.
           - Cette même année, l'abbé René Guettée devient le premier prêtre orthodoxe français avec le nom de Vladimir.
           - Cette année est également publié par le père Joseph Wassilieff, prêtre de la cathédrale St. Alexandre de la Néva (rue Daru) et véritable fondateur de celle-ci, "le premier Manuel de prières orthodoxes en français et il organisa un chœur de chantres français qui resta celui de la cathédrale jusqu'en 1914." (In Un Précurseur, Wladimir Guettée, par Jean-Paul Besse, p.123).

Cathédrale saint-Alexandre-Nevsky
Père Vladimir Guettée (1816-1892)

1863 : consécration de la crypte de la Sainte-Trinité, Cathédrale st Alexandre de la Neva, rue Daru, à Paris. Mais ce n'est que 100 ans plus tard (en 1964), que cette crypte devint le lieux de culte d'une communauté francophone.

1867 : consécration de l'église de Saint-Alexandre Nevsky à Pau (18, rue Jean Réveil, Pau 6400).

1892 : consécration de l'église roumaine de Paris, rue Jean de Beauvais, achetée par l'état roumain en novembre 1882.
Cathédrale des sts Archanges (rue Jean de Beauvais)

1895 : consécration de la cathédrale grecque Saint Etienne, rue Georges Bizet, à Paris.
Cathédrale saint Stéphane (rue Georges Bizet)

1912 : inauguration de l'église Saint Nicolas le Thaumaturge à Nice. Décrite comme la plus belle église russe hors de Russie. Autres églises orthodoxes construites en France : Cannes (1894), Menton (1892), Biarritz (1900).
Nice: église st Nicolas

1916-1917 : après l'occupation du Dodécanèse par l'Italie, puis en 1923, après la catastrophe d'Asie Mineure, deux vagues d'immigration grecque. A partir de 1920, arrivée massive d'immigrés russes.

1918 : Te Deum solennel à la cathédrale saint Stéphane, rue Georges Bizet, pour la fin de la première guerre mondiale

1923 : installation à Paris du premier évêque orthodoxe, le Métropolite Euloge, à la cathédrale saint-Alexandre-de-la Néva (rue Daru).

1925 : consécration de l'église saint-Serge de Radonège (rue de crimée) ; et 1926 fondation de l'Institut de théologie orthodoxe (Institut Saint-Serge).

1927 : première liturgie célébrée en français, en l'église de l'Institut Saint Serge.
Suivra la fondation de la première paroisse francophone de la Transfiguration et sainte Geneviève ouverte, boulevard du Montparnasse à Paris.

1939 : première réunion, à l'église grecque de Paris, d'un Comité Inter-Orthodoxe réunissant les représentants des diverses églises orthodoxes de Paris. Un comité permanent sera créé en 1943 sur l'initiative de l'Archimandrite Théophile Ionesco, de l'église roumaine.

1944 : une première célébration solennelle réunissant les différentes communautés orthodoxes de la capitale a lieu, le 23 janvier, sous la présidence du Métropolite Euloge, exarque du Patriarche Œcuménique.

1949 : L'église orthodoxe roumaine des Saints Archanges à Paris, devient le siège d'un évêque avec la création d'un diocèse d'Europe occidentale par le métropolite Bessarion (Puiu).

1958 : naissance de la "Fraternité orthodoxe" pour le témoignage commun de l'orthodoxie en Europe occidentale.

1963 : l’église Saint Stéphane (rue Georges Bizet, Paris) est promue au rang de "cathédrale", et devient le siège de la Métropole orthodoxe grecque de France. Elle est le siège d'un évêché depuis 1953, date de l'élection de Mgr Mélétios évêque de Reggio, qui devient donc en 1963 premier Métropolite de France avec la cathédrale Saint Stéphane pour siège.

Printemps 1967 : création d'un Comité Inter-Épiscopal Orthodoxe permanent réunissant les évêques orthodoxes de France (alors huit), présidé par le Métropolite Mélétios, exarque du Patriarche Œcuménique.

1971 : 1er Congrès Orthodoxe, organisé par la Fraternité Orthodoxe en Europe Occidentale à Annecy. D'autres suivront tous les 3-4 ans depuis lors.

1983  : première visite à Paris de Sa Béatitude Ignace IV, Patriarche d'Antioche.

1995 : visite officielle de Sa Sainteté, Bartholomée 1er, Patriarche Œcuménique, en France (Paris, Lourdes, Marseille, Nice) et à Monaco.

1997 : transformation du Comité Inter -épiscopal Orthodoxe en Assemblée des Évêques Orthodoxes de France.

1999 : visite à Paris de Sa Béatitude Paul 1er, Patriarche de Serbie.

Octobre 2002 : Première célébration par les évêques orthodoxes de France d’un office orthodoxe des vêpres présidé par le métropolite Jérémie, président de l’Assemblée des Evêques Orthodoxes de France, à la Cathédrale Notre Dame de Paris, le dimanche 13 octobre 2002 à l’occasion de la fête de Saint Denys l’Aréopagite, fête patronale du diocèse (catholique) de Paris, à l’invitation de Son Eminence le Cardinal Jean-Marie Lustiger, Archevêque de Paris. Depuis, cette célébration est désormais une tradition annuelle.

Janvier 2003: Le 17 janvier 2003, première présentation officielle des vœux de l’AEOF à la présidence de la République Française. Une délégation de l’AEOF conduite par le métropolite Jérémie (président de l’AEOF et évêque titulaire de la Métropole grecque de France), accompagné de feu le métropolite Gabriel Saliby (métropolite grec-orthodoxe d’Antioche en Europe Occidentale du patriarcat d’Antioche), a été reçue en audience au Palais de l’Elysée par le président Jacques Chirac. « C’est un témoignage d’estime et de respect pour la religion orthodoxe » a déclaré le président Chirac à cette occasion dont les propos ont été rapportés par la porte-parole de l'Élysée, Mme Catherine Colonna.
Octobre 2003: Les responsables orthodoxes en France reçus à Matignon pour la première fois. Le Premier Ministre Monsieur Jean Pierre Raffarin a reçu le 30 octobre une délégation de l’Assemblée des Évêques Orthodoxes de France, conduite par son président le métropolite Emmanuel et composée de l’Archevêque Gabriel (de Vylder) (Archevéché russe - Exarchat du Patriarcat Oecuménique) et du Métropolite Joseph (Métropole orthodoxe Roumaine). « C’est la première fois qu’une telle rencontre a lieu, s’inscrivant dans la volonté du gouvernement de recevoir officiellement et régulièrement les responsables de toutes les religions en France » (dépêche de la revue Croire.com).

Octobre 2007: Visite officielle et pastorale de Sa Sainteté Alexis II patriarche de Moscou en France. Visite historique, première visite d’un primat de l’Eglise orthodoxe russe en France. Rencontre des évêques membres de l’Assemblée des Evêques Orthodoxes de France avec Sa Sainteté Alexis II pour rendre compte du travail de coopération et de concertation des évêques orthodoxes de France en faveur de l’unité de l’Eglise orthodoxe en France et pour s’entretenir avec lui de l’avenir de son organisation dans ce pays.

2008 : Naissance au ciel de l'archimandrite Denis Guillaume. Traducteur et compositeur infatigable des livres et offices liturgiques orthodoxe. Grâce auquel nous disposons de la totalité des livres liturgiques en Français, traduit lorsqu'il était encore catholique-romain. Il a composé également un certains nombres d'office à des saints occidentaux. Mémoire éternelle.

2009: Visite en France de Sa Béatitude Daniel, Patriarche de Roumanie.


Diverses sources dont : 1 , 2 , 3 ,....

dimanche 24 mai 2015

Lettre aux Italiens et aux Gaules

A l'occasion du Dimanche des Pères du Concile Œcuménique de Nicée (325), nous souhaitions rappeler cette lettre synodale, classé parmi les lettres de saint Basile le grand au numéro 92, et datée de 372, soit une dizaine d'année avant le second concile œcuménique (Constantinople 381) que nous avons justement commémoré cette semaine (22 mai). Cette lettre synodale appel à l'aide les évêques d'Italie et des Gaules face au ravage de l'arianisme en Orient.


Aux Italiens et aux Gaules
lettre 92 de saint Basile le Grand, anno 372.

1. A nos très pieux et saint frères qui servent en Italie et en Gaule, évêques avec nous unis en esprit, nous, Meletius d'Antioche, Eusebius de Samosate, Basile de Césarée, Bassus d'Edesse, Grégoire de Nazianze l'Ancien, Pelagius de Laodicée, Paul, Anthime de Tyana, Theodotus de Nicopolis, Bithus (Vitus) de Carrhae, Abraamius de Batnae, Jobinus, Zénon de Tyre, Theodoretus, Marcianus, Barachus, Abraamius d'Urimi en Syrie, Libanius, Thalassius, Joseph, Boethus, Iatrius, Theodotus, Eustathe de Sébaste, Barsumas, Jean, Chosroes, Iosaces d'Arménie Majeure, Narses, Maris, Grégoire de Nysse, et Daphnus, nous adressons nos salutations dans le Seigneur.
Les âmes dans l'angoisse cherchent quelque consolation en laissant soupir après soupir remonter du fond du coeur, et même une larme versée brise la force de l'affliction. Mais soupirs et larmes nous apportent moins de consolation que l'opportunité d'exprimer nos épreuves à votre charité. De plus, nous sommes encouragés par l'espoir encore plus fort que si d'aventure, nous vous exposons nos épreuves, nous pourrions vous amener à nous apporter le secours que nous espérons depuis si longtemps que vous donneriez aux Églises en Orient, mais que nous n'avons pas encore reçu; Dieu, Qui dans Sa sagesse arrange toutes choses, doit avoir ordonné d'après les jugements cachés de Sa justice, que nous devrions être éprouvés encore plus longtemps par ces tentations.
Le récit de notre condition est parvenu aux confins de la terre, et vous ne l'ignorez nullement; pas plus que vous n'êtes sans compassion pour les frères de même esprit que vous, car vous êtes disciples des Apôtres, qui nous enseignent que l'amour de notre prochain, tel est l'accomplissement de la Loi (cf. Rom. 13,10). Mais, comme nous l'avons dit, le juste jugement de Dieu, qui a ordonné que l'affliction méritée par nos péchés soit comblée, vous a retenus. Mais lorsque vous aurez apprit tout, en particulier tout ce qui jusqu'alors n'était pas parvenu à vos oreilles, par notre révérend frère le diacre Sabinus, qui sera à même de vous narrer en personne ce qui est omis dans cette lettre, nous vous supplions de vous lever tant par zèle pour la vérité que par compassion envers nous. Nous vous implorons de vous revêtir de profonde miséricorde, de laisser de côté toute hésitation, et d'entreprendre l'oeuvre de l'amour, sans envisager la longueur du chemin, vos propres occupations, ou tout autre intérêt humain.

2. Ce n'est pas seulement une Église [locale] qui est en péril, ni 2 ou 3 qui seraient tombées dans cette terrible tempête. Le trouble de cette hérésie se répand presque depuis les frontières de l'Illyrie jusqu'à la Thébaïde. Ses mauvaises semences furent d'abord semées par l'infâme Arius; elles se sont ensuite profondément enracinées par les oeuvres de nombreux qui ont vigoureusement cultivé l'impiété entre son époque et la nôtre. A présent, elles ont produit leur fruit mortel. Les doctrines de la vraie religion sont foulées aux pieds. Les lois de l'Église sont dans la confusion. L'ambition d'hommes, qui ne craignent pas Dieu, se précipitent aux plus hautes positions et rangs élevés est à présent publiquement connue comme étant le prix de l'impiété. Il en résulte qu'au plus l'homme blasphème, au plus les gens le trouvent digne d'être évêque. La dignité cléricale est une chose du passé. Il y a un manque total d'hommes érudits pour veiller sur le troupeau du Seigneur. Des hommes ambitieux ne cessent de dilapider les biens destinés aux pauvres, en faisant leur propre jouissance, et les utilisant pour faire des cadeaux. Il n'y a plus de connaissance précise des Canons. Il y a immunité complète pour le péché; quand des hommes ont été placés à un poste par la faveur d'autres, en retour, ils sont obligés de sans cesse montrer de l'indulgence pour les offenseurs. Le juste jugement appartient au passé; et chacun s'en va suivant les désirs de son propre coeur. Le vice ne connaît plus de limites; les gens ne se retiennent plus de rien. Les hommes qui ont autorité ont peur de s'exprimer, car ceux qui ont atteint le pouvoir par collusion sont les esclaves de ceux à qui ils doivent leur avancement. Et à présent, même l'apologie de l'Orthodoxie est regardée par certains partis comme une opportunité pour des attaques mutuelles; et les hommes cachent leurs basses intentions et prétendent que leur hostilité est pour le bien de la vérité. D'autres, redoutant d'être convaincus de crimes odieux, ont rendu le peuple fou jusqu'à entrer en querelles fratricides, de sorte que leurs propres méfaits puissent ne pas être remarqués dans la confusion généralisée. D'où les guerres n'acceptent nulle trêve, car les auteurs d'actions mauvaises ont peur de la paix, la redoutant car elle permettrait de dévoiler leur secrète infamie. Les incroyants rigolent; les hésitants dans la foi sont ébranlés; la foi est incertaine; les âmes sont imprégnées d'ignorance, car les adultères de la Parole imitent la vérité. Les bouches des vrais fidèles restent muettes, pendant que toute langue blasphématoire s'agite librement; les choses saintes sont foulées aux pieds; les meilleurs laïcs fuient les églises comme étant des écoles d'impiété; et ils élèvent leurs mains dans des déserts, avec soupirs et larmes, vers leur Seigneur qui est au Ciel. Même vous, vous avez dû entendre parler de ce qui advenait dans la plupart de nos villes, comment nos gens avec épouses et enfants et même nos vieillards en fuient les murs, et offrent leurs prières à l'air libre, supportant avec grande patience tous les inconvénients météorologiques, et attendant l'aide du Seigneur.

3. Quelle lamentation pourrait rencontrer ces malheurs? Quelle source de larmes pourrait leur suffire? Alors que certains semblent encore tenir bon, alors qu'une trace de l'ancien état des choses subsiste, avant que l'ultime naufrage ne frappe l'Église, hâtez-vous de venir à nous, hâtez-vous maintenant, frères véritables, nous vous en implorons; à genoux, nous vous implorons, étendez une main secourable. Puissent vos fraternelles entrailles être bouleversées face à ce que nous subissons; ne regardez pas, indifférents, la moitié de l'empire être dévorée par l'erreur; ne laissez pas la lumière de la Foi s'éteindre là où elle brilla pour la première fois.
Par quelle action vous pourriez aider, et comment vous pourriez montrer votre compassion envers les affligés, vous ne voudriez pas que nous vous l'exprimions; le Saint Esprit vous le suggérera. Mais incontestablement, si il faut que les survivants soient sauvés, prompte action est requise, ainsi que l'arrivée d'un nombre considérable de frères, de sorte que ceux qui nous visitent puissent compléter le nombre de présents au Synode, afin que nous puissions être en nombre pour effectuer une réforme, non simplement de la dignité d'entre ceux dont ils sont les émissaires, mais aussi par le fait de leur propre nombre : ainsi ils restaureront le Credo tel qu'établit par nos Pères à Nicée, proscriront l'hérésie, et, amenant à un accord tous ceux qui sont un d'esprit, diront la paix aux Églises. Car la plus affligeante chose à propos de tout ce qui se passe, c'est que la partie saine est divisée contre elle-même, et les troubles que nous souffrons sont de la même teneur que ceux qui frappèrent autrefois Jérusalem lorsque Vespasien l'assiégea. Les Juifs de cette époque étaient à la fois assaillis par des ennemis et consommés par la sédition interne de leur propre peuple. Dans notre cas aussi, en plus des attaques ouvertes des hérétiques, les Églises sont réduites à l'extrême impuissance par la guerre qui sévit entre ceux qui sont supposés être Orthodoxes.
Pour toutes ces raisons, nous aspirons en effet après votre aide, de sorte qu'à l'avenir, tous ceux qui confessent la Foi apostolique puissent mettre un terme aux schismes qu'ils ont hélas causés, et soient apaisés pour le futur de l'autorité de l'Église; de sorte qu'à nouveau, le Corps du Christ puisse être complet, restauré dans l'intégrité avec tous ses membres. Ainsi nous ne louerons pas seulement les bénédictions des autres, ce qui est la seule chose que nous puissions faire pour l'instant, mais nous verrons nos propres Églises à nouveau restaurées dans leur immaculée splendeur d'Orthodoxie. Car, vraiment, l'avantage qui vous a été donné par le Seigneur est digne des plus hautes félicitations, votre capacité de discernement entre le fallacieux et l'authentique et pur, et votre prédication de la Foi des Pères sans la moindre dissimulation. Cette Foi que nous avons reçue; cette Fois que nous savons être marquée du sceau des Apôtres; à cette Foi, nous acquiesçons, de même qu'à tout ce qui a été canoniquement et légalement promulgué par la Lettre Synodale.

Source française : Saint Materne.