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jeudi 1 décembre 2016

Un Précurseur : Wladimir Guettée

Il y a 200 ans naissait René François Guettée, le futur archimandrite Wladimir (Guettée), premier français prêtre orthodoxe.


Jean - Paul Besse, « Un précurseur : Wladimir Guettée (1816-1892), du Gallicanisme à l’Orthodoxie », Éditions St Jean le Roumain, Lavardac, 1992, 176 pages.

Jean Paul Besse, historien, que les lecteurs du Messager Orthodoxe connaissent bien, livre ici une biographie du père Wladimir Guettée. 
Cet ouvrage parut en 1992 à l’occasion du centenaire de la naissance au ciel du père Wladimir, est préfacé par l’archimandrite Serge (Yazadjiev) de l’Eglise Orthodoxe Bulgare, qui en même temps rends un hommage personnel à l‘œuvre du père Wladimir. Il comporte en plus une bibliographie des ouvrages du Père Guettée composé par l’archimandrite Antoine, ainsi que l’Office à Tous les saints orthodoxes glorifiés en terre de France composé par Jean Paul Besse.

René François Guettée (1816-1892), natif de Blois fut le premier prêtre orthodoxe français. Doté d’une vive intelligence, celle-ci lui vaudra des tracasseries dès son jeune âge au séminaire, de la part de ses professeurs jaloux. Ordonné prêtre dans l’Eglise catholique à l’âge de 23 ans, il se fit remarquer grâce à ces remarquables travaux sur l’histoire ecclésiastique, et notamment son Histoire de l’Eglise de France (en 12 tomes). Combattu violemment par le puissant courant ultramontain qui faisait rage à cette époque et désirait écraser pour de bon le gallicanisme, il démontra dans ses œuvres l’inanité des prétentions papales au magistère suprême et à l’infaillibilité, ainsi que celle de l’hérésie mariale (« Immaculée conception ») qui fut érigé en dogme à cette époque. Témoin dérangeant d’une autre vérité chrétienne authentique, il découvrit finalement la catholicité authentique dans l’Eglise orthodoxe. Comme il l’écrira lui-même dans ses Souvenirs d’un prêtre romain devenu prêtre orthodoxe (1889) : « Toutes mes études, en me conduisant à l’Orthodoxie, me confirmaient dans les vrais principes catholiques, et je retrouvais ces principes dans toute leur pureté au sein de l’Eglise Orthodoxe. Je m’étais toujours cru exclusivement catholique au sein du papisme. Mes études me démontrèrent que je m’étais trompé et que la papauté, au lieu d’être catholique dans le vrai sens du mot, avait créé un schisme dans l’Eglise de Jésus-Christ. Je devais donc devenir orthodoxe pour être véritablement catholique. » (p.356-357).
C’est ainsi, qu’à la fin des années 1850, il rencontra de manière fortuite l’archiprêtre Joseph Wassilieff, aumônier de l’église de l’ambassade russe à Paris. Des entretiens qui s’en suivirent sortit la décision de publier L’Union chrétienne, périodique que l’on pourrait qualifier de premier journal orthodoxe en Occident, auquel participa le père Joseph qui écrivait des articles en français, ou encore Alexis Khomiakov et qui fut soutenu par le comte Tolstoï. C’est en 1861 lors de la consécration de l’église orthodoxe russe de Paris, rue Daru, construite grâce aux efforts du père Wassilieff, que le père Guetté rencontra Mgr Léonce, évêque-vicaire du métropolite Isidore de Novgorod et Saint-Pétersbourg, venu consacrer l’édifice, et auquel il fit part de son désir de rejoindre l’Eglise orthodoxe russe. Ce dernier lui promit de transmettre sa requête au saint-synode, qui l’approuvât et le reçut comme prêtre de l’Eglise orthodoxe russe sous le nom de Wladimir. C’est à cette époque qu’il publia son fameux livre La Papauté schismatique, pour lequel il reçut les félicitations du Patriarche de Constantinople Sophrone III, et de saint Philarète patriarche de Moscou, qui un peu plus tard lors du voyage en Russie du père Wladimir, le fera docteur de l’académie de théologie de Moscou pour le récompenser de ses ouvrages.
Toujours persécuté par ses adversaires ultramontains tant parmi les ecclésiastiques que les hommes politiques, il finira par prendre la nationalité russe quelques temps avant la fin tragique du Tsar Alexandre II, qui lui avait accordé une longue audience lors du voyage en Russie du père Wladimir et l’avait décoré des insignes de commandeur de l’Ordre impériale russe de Sainte-Anne. Cela ne suffira pas et le père Wladimir devra finalement s’exiler au Luxembourg, où il consacrera ses derniers efforts à sa monumentale Histoire de l’Eglise (seulement 7 volumes purent paraître, la mort l’empêchant de mener cette entreprise à son terme). 
Après des funérailles célébrée à l’église russe de la rue Daru, il fut inhumé au cimetière parisien des Batignolles le 23 avril 1892. Le père Wladimir laisse derrière lui une œuvre monumentale, dont nous venons d’évoqué seulement une petite partie. Plusieurs de ces œuvres furent traduites en grec, bulgare, roumain, russe, anglais.

Écrivain infatigable, véritable précurseur, il est fort regrettable qu’un tel monument de l’orthodoxie française soit si méconnu. Pour reprendre les mots de l’archimandrite Serge Yazadjiev dans sa préface : « Hélas ! Depuis près d’un siècle, la mémoire du Père Wladimir Guettée était méconnue, sinon presque oubliée, même dans sa patrie. […] Aussi faut-il féliciter de son heureuse initiative Monsieur le Professeur Jean Besse qui, après avoir publié dans le Messager Orthodoxe (n°80, III, 1978) un article bien documenté sur le Père Guettée, lui consacre aujourd’hui, à l’occasion de son centenaire, une étude plus approfondie. ».

Précisons également que l’auteur de cet ouvrage avant d’entrer dans le vif du sujet, c’est-à-dire la vie du père Wladimir, s’attache tout d’abord à en resituer le contexte historique, avant de dresser un tableau du contexte spirituel de l’Europe occidentale et plus particulièrement de la France, dans les siècles qui le précède et dans lesquels émerge un certains nombres de précurseurs en quête d’un retour aux racines antique et authentique de la foi chrétienne. Notons également que l’ouvrage contient un certains nombres d’illustrations.

Terminons en citant à nouveau l’archimandrite Serge Yazadjiev  qui conclut sa préface par les mots suivants : « Puisse cet ouvrage […] servir la cause du renouveau orthodoxe en Occident, dont le Père Wladimir Guettée fut le précurseur lointain ! Puisse ce livre encourager nos frères orthodoxes de France à persévérer dans leur sainte foi et attirer de nouveaux fils à l’Eglise Orthodoxe, unique refuge des vrais fidèles du Christ ! ».

Ce livre que l’on peut acquérir pour la modique somme de 3E , fait partie du second déstockage effectué par le Monastère St Geny que nous avions évoqué ICI
Rappelons également que dans les déstockages effectués par ce Monastère se trouve également l’Histoire de l’Eglise, La papauté schismatique, et La papauté Hérétique, du père Wladimir Guettée à prix cassé.
Une occasion à ne pas manquer! 
En espérant qu'il ne soit pas épuisé désormais.

Nicolas Petit

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