Le 22 Mai dernier à l'église des Trois-Saints-Docteurs à Paris, s'est tenue une conférence-débat consacrée au 50e anniversaire du repos dans le Seigneur de l'Archimandrite Denis (dans le monde Lucien Chambault, 1899 - 3 mai 1965). L'archimandrite Denis converti à l'Orthodoxie en 1937 et devenu moine en 1944 avec le nom de Denis, était un moine orthodoxe suivant la règle de saint-Benoît et célébrant la messe dans le rite occidental.
A notre tour, afin de rappeler la mémoire de ce vénérable pasteur qu'était le père Denis, nous vous reprenons un article originellement paru dans la revue Church Times (July 21, 1961), et traduit de l'anglais et publié en français sur le blog Saint-Materne.
Le Pouvoir de la Prière
Par Serge Bolshakoff
A Paris, dans une rue étroite et relativement bruyante, près de la station de métro Vaugirard, il y a au 26 rue d'Alleray une maison d'apparence modeste. Cependant, cette simple maison accueille beaucoup de visiteurs. Des gens y viennent de tout Paris et d'ailleurs pour être guéris par la prière. Ils y sont envoyés par le clergé de même que par des médecins spécialistes quand toute autre méthode a échoué. La majorité des visiteurs sont affectés de troubles mentaux et nerveux.
La paroisse de l’Ascension, de rite occidental, est transférée, en 1945, du 72 rue de Sèvres, dans le 7ième arrondissement, au 29 rue d’Alleray, dans le 15ième, où le père Denis installe son monastère Saint Denis et saint Séraphin.
J'ai visité plusieurs fois cette maison. La porte de façade s'ouvre sur un corridor paisible et tranquille. La petite chapelle, où les services de guérison ont lieu, est juste à côté. Nombre de lampes votives et de cierges y brûlent. La chapelle est petite, humble, sans prétention, mais il y règne une atmosphère particulière de repos et d'espérance. Derrière la maison, on trouve un charmant petit jardin. Bien que la maison soit située dans un quartier bruyant et fortement peuplé, il est très calme.
Cette petite maison me rappelle toujours un autre lieu – la grandiose abbaye Bénédictine de Silos, en Espagne. Cette grande abbaye s'élève dans les plaines brûlées par le soleil et desséchées de Vieille Castille. Dans la chaleur et le soleil éblouissant, la poussière et la soif assaillent le voyageur. Dans l'abbaye, en particulier dans son patio, entouré d'un des plus célèbres cloîtres au monde, il fait frais, agréable, paisible. Les fontaines font jaillir leur eau au milieu d'une magnifique verdure et des fleurs. Les oiseaux chantent. L'abbaye est comme un château intérieur de l'âme. Dehors, c'est le monde – passions, péché, tristesse – alors qu'au dedans de l'âme d'un mystique, il y a une joie radieuse et la paix, parce que Dieu y est.
Tout comme Silos, la petite maison de la rue d'Alleray est une oasis de paix et de joie au cœur d'une grande capitale où les âmes souffrent de troubles, péché et tristesse, habituels des grandes cités. De plus, aussi, c'est un établissement Bénédictin. C'est le Prieuré des Bénédictins Orthodoxes de Rite Occidental et il est sous la juridiction du Patriarcat de Moscou. Une paroisse est attachée au Prieuré. Il y a à présent quelques congrégations Orthodoxes de Rite Occidental en Pologne, France, et même en Italie. Originellement, elles formaient de petites congrégations indépendantes, vaguement appelées Vieux Catholiques, Evangéliques Catholiques, et ainsi de suite. Il y a beaucoup de groupes semblables, tant en Europe qu'en Amérique. Leur histoire est souvent compliquée et longue.
Le père Denis, en 1944, devenu moine bénédictin orthodoxe, avec ses deux disciples, le père Georges Lamothe et le père Jean Péterfalvi.
Dans le passé, un certain nombre de groupes semblables se sont approchés des autorités de l'Eglise Orthodoxe avec une demande pour être reçus dans l'Eglise Orthodoxe. Dans certains cas, la demande était accordée. Les demandeurs étaient d'accord d'accepter la Foi Orthodoxe et le Rite Byzantin. Il y a plusieurs paroisses Orthodoxes de ce type en Amérique, et une Église Orthodoxe florissante en Afrique de l'Est, principalement en Ouganda. Quelques congrégations ont été autorisées à continuer d'utiliser le Rite Occidental. Déjà en 1870, le Saint-Synode de Russie avait permit l'usage de la Messe Romaine avec quelques changements. L'Usage d'Alleray avait été approuvé dans les années 1930 par le Synode de Moscou.
Une célébration du rite occidental (de la version de l’office orthodoxe occidental, inspirée par l’office
bénédictin et composée par le père Denis) dans l’église de l’Ascension, rue d’Alleray.
Le père Denis Chambault, supérieur du Prieuré d'Alleray et auparavant journaliste, devint un guérisseur reconnu il y a une quinzaine d'années d'ici, en assistant feu le père Joseph Cirel, qui possédait un remarquable pouvoir de guérison. Il n'y a rien d'ésotérique ou d'étrange dans les services de guérison à la chapelle. Les prières ordinaires prescrites par le Rite Latin sont utilisées. Le don de guérison est en effet un charisme [charisma = don], mais il est donné aux gens d'après leur foi. Rien de plus n'est requis. Le p. Chambault est un homme d'une soixantaine d'années, paisible, réservé mais amical.
Généralement, ceux qui veulent faire appel à ses services de guérison prennent un rendez-vous avec lui. Le service de guérison est précédé d'un long entretien avec le patient. Il peut y avoir plusieurs entretiens. Les patients Orthodoxes font habituellement leur confession, bien que cela ne soit pas requis pour les autres. Quand le moment est approprié, le service de guérison a lieu dans la chapelle.
Les résultats sont souvent surprenants, et le nombre de visiteurs grandit avec le temps. Bien entendu, il n'y a pas de paiement, bien que ceux qui sont guéris font en général un don. L'expérience du Prieuré montre pleinement la puissance de guérison étonnante de la prière. Nos contemporains négligent de faire appel à cette puissance parce que notre foi est faible. Nul ne possède de puissance de guérison à moins d'avoir une foi à déplacer les montagnes.
En plus d'être un centre de guérison et d'administrer une paroisse, le Prieuré d'Alleray travaille aussi pour promouvoir l'unité Chrétienne par la prière et la production littéraire. Il édite des bulletins réguliers en français et en anglais. Les Pères du Prieuré parlent aussi bien anglais que français. Le Prieuré est un endroit des plus inhabituels, et une conversation avec le p. Chambault est en elle-même une expérience.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire