A la fin du Ve siècle sans doute, des ermites, peut être disciples de Saint Roman (ou Romain, fondateur de monastères dans le Jura, mort vers 460), s’installent sur la colline de l’Aiguille et celle de St-Roman.
La grande originalité du site est son caractère troglodytique. Un tel établissement monastique creusé dans le rocher fait indéniablement penser aux monastères orientaux de Capadocce, du Moyen-Orient et d’Egypte. Bien qu’en plus mauvais état de conservation que certains monastères orientaux dans lesquels on trouve encore des fresques, la similitude du style de vie des moines, au moins dans les premiers temps, est frappante.
Passée sous la tutelle de la puissante abbaye de Psalmody, située près d’Aigues-Mortes, St-Roman demeure un prieuré dont le pèlerinage sur des reliques de saint Roman et saint Trophime est très important. Du fait de son ancienneté et de son prestige, des privilèges honorifiques témoigneront de la haute valeur du lieu malgré sa perte d'indépendance.
Au XIVe siècle, l’abbaye est fortifiée puis un studium, collège d’adolescents, est installé par le pape d’Avignon Urbain V pour y dispenser une instruction à des jeunes gens, pauvres ou riches, doués pour les études. Après cette période courte, l’abbaye va peu à peu décliner.
En 1538, Psalmody se sécularise en collège de chanoines installé dans Aigues-Mortes. St-Roman est vendue à un particulier qui achève de la fortifier et remplace certaines constructions monastiques de la terrasse par un petit château.
Transmis dans plusieurs familles de la région, le château de St-Roman finit par être démantelé dans la première moitié du XIXe s. par un de ses derniers propriétaires qui en vend toutes les pierres.
Saint-Roman n’est pas un monastère bati. Des construction monastiques ont existé à partir de l’époque romane, mais le château s’installa à leur emplacement, détruisant ou modifiant ces bâtiments dans le sens d’une occupation plus civile.
Si la campagne de fortifications du XIVe siècle a considérablement modifié l’aspect du rocher en taillant ses parois à la verticale, des éléments troglodytiques important subsistent :
- La chapelle de plus de 100 m2 avec sa voute de coeur romane et son trône abbatial taillé dans le rocher à la même époque.
- les cellules qui accueillaient les premiers moines avant qu’ils ne prissent à une époque inconnue l’habitude de dormir en dortoirs suivant l’habitude bénédictine. Ils escaladaient le rocher ou empruntaient des échelles pour se glisser dans ces petites pièces par d’étroites ouvertures. Le grand intérêt de la vie troglodytique est de profiter de la constance termique qui règne sous terre et permet de conserver, avec le minimum d’échanges avec l’extérieur, une température de 14 à 16° toute l’année. La plupart de ces cellules ont été réaffectées à des usages divers au moyen-âge : pressoir et silos à céréales en particulier.
Resté longtemps à l’abandon, la Société d’Histoire et d’Archéologie de Beaucaire entreprend, à partir des années 60, des fouilles sur le site et son déblaiement. La connaissance du site doit beaucoup à ces passionnés.
La commune de Beaucaire devenue propriétaire en 1988 obtient le classement Monument Historique en 1991, ce qui permettra d’entamer des travaux de consolidation et de mise en sécurité.
http://www.abbaye-saint-roman.com/
(vue depuis la colline de l'Aiguille)
- La chapelle abbatiale :
Aménagée dans une grotte peu à peu agrandi, la chapelle fût exploitée en carrière au XIXe siècle. Ce qui explique l'aspect méconnaissable pour une chapelle. Les murs étaient sans doute ornés de fresques aujourd'hui disparues.
Sur cette photo (ci-dessus) l'on aperçoit ce qui était des tombes en enfeux et (au centre de la photo) l'endroit où l'on mettait les veilleuses (lanterne des morts).
L'on aperçoit ici le "tombeau" dans lequel était conservé les reliques de St Roman et St Trophime. L'encoche que l'on aperçoit sur le côté permettait de vénérer et de toucher les reliques ou le reliquaire.
Ce qu'il reste du sanctuaire. Sur place l'on aperçoit encore au plafond les endroits où étaient fixées les lampades.
(Vue depuis le choeur)
- Les cellules:
Hélas la plupart furent détruites ou transformés, certaines situées en façade du rocher, ne sont accessibles que par des échelles.
Au dessus de la porte de cette cellule, qui fut transformée en silo à grain, ce trouve une inscription (que l'on peut deviner sur la photo ci-dessous), témoignant qu'elle fut occupée par un vénérable moine de grande réputation : "Vitalis vécut dans cette humble cellule."
- La terrasse:
St-Roman fut une importante nécropole où étaient ensevelis aussi bien les moines, que les paysans vivant sur le territoire de l'abbaye. 152 tombes taillées dans le calcaire sont encore visibles. De nombreuses tombes ont été détruites par la retaille du rocher au XIVe siècle. La présence de grands pins sur la terrase est le résultat d'un aménagement de celle-ci en jardin à la fin du XIXe.
- La grande salle:
Autrefois dotée de trois niveaux, le plus bas avec des voûtes d'arêtes, le second une voûte en plein cintre, le dernier dont le plafond est le rocher.
- En faisant le tour du rocher l'on peut observer d'autres cellules et pièces :
- Dans la grande salle le visiteur peut découvrir quelques panneaux soulignant les liens indéniables entre les églises troglodytes de Cappadoce et le site de l'abbaye St-Roman :
(Cliquez sur les photos et visionnez les en grand format dans un diaporama)
En complément, il est aussi possible de visionner ce court reportage.
Et de consulter ce document sur l’abbaye (pdf, 10 pages)
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